"Je suis attaqué de manière extrêmement malhonnête par des lobbies qui se font passer pour la communauté scientifique". Le professeur Gilles-Eric Séralini, qui a dirigé une étude choc sur la toxicité d'un OGM, en cours d'examen par les autorités sanitaires, a dénoncé lundi les attaques dont il dit faire l'objet.
Répétant qu'il venait de publier "l'étude la plus longue et détaillée jamais faite sur un OGM", l'universitaire de Caen a estimé que certaines critiques visaient "à discréditer son travail parce que la conséquence, ce serait d'obliger les entreprises de biotechnologies à faire des études à long terme".
Des échantillons de rats trop restreints ? "Ridicule!"
Gilles-Eric Séralini démonte notamment l'un des principaux reproches faits à l'étude à savoir le trop petit nombre de rats sur lequel elle a porté : des groupes de 10 rats soumis à des traitements différents.
"Toutes les études du monde sont faites avec des échantillons de 10. Le maïs NK 603 a été autorisé sur cette base. Si on ne peut pas tirer de conclusions il faut aussi tout de suite interdire tous les OGM", fait valoir le professeur qui ajoute que "la pomme de terre OGM de BASF a été autorisée avec des tests sur cinq rats"
"Tout ceux qui ont aboyé contre l'étude sont à l'origine de l'autorisation de ces produits, et ils l'ont fait sur la base de tests sur la même souche rat, avec des échantillons de 10 rats pendant seulement trois mois et pas avec autant de tests", ajoute Gilles-Eric Séralini, jugeant : "c'est ridicule".
"Aux pouvoirs publics de financer une étude plus ample"
"Conscient" que son étude a néanmoins "ses limites", il a appelé à faire des études avec "des groupes de 50 rats, mais c'est aux pouvoirs publics de financer, ça ne peut plus être un laboratoire indépendant qui finance 20 millions d'euros", a-t-il ajouté.
L'étude du maïs NK 603 et du Round Up, produits par Monsanto et importés en Europe, a, elle, coûté plus de 3 millions d'euros, financés notamment par les fondations Ceres et la Fondation Charles Leopold Meyer pour le progrès pour l'homme. Auchan et Carrefour l'ont aidée.
Ses conclusions sont alarmantes : les groupes de rats traités "meurent plus tôt sauf un, qui présente des problèmes rénaux graves". Et le chercheur a observé chez les rats traités "une explosion" des tumeurs ou des affections des reins et du foie au 11ème et 12ème mois, qui correspond à l'âge de 35-40 ans chez l'homme.
"On sait de quoi les rats sont morts", conclut Gilles-Eric Séralini qui réaffirme que son étude "conclut clairement que la toxicité de cet OGM est prouvée".