"Le ton change, ça surprend". Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement, un réseau qui regroupe 3.000 associations écologistes à la ligne jusqu’ici modérée, reconnaît le changement de braquet de sa fédération. La campagne d'affichage contre les OGM, les pesticides et les algues vertes, prévue à partir de mardi dans le métro parisien, provoque en effet des étincelles entre écologistes et monde agricole à quelques jours du Salon de l'agriculture.
Les visuels et slogans choisis ont tout pour susciter les réactions. On peut y voir un homme qui joue à la "roulette russe" en pointant sur sa tempe un épi de maïs, dont on ne sait s'il est OGM ou non. Ou un enfant assis sur une plage couverte d'algues vertes dont la décomposition "dégage un gaz mortel". Pour les pesticides "tueurs d'abeilles", FNE détourne le code couleurs noir et jaune du film "Kill Bill" pour s'alarmer : "Kill Bees".
"Nous voulons savoir ce qui contient des OGM", demande Bruno Genty, président de FNE :
"Une campagne parisienne de dénigrement"
Vingt et une affiches au total, avec six visuels distincts, doivent apparaître à partir de mardi dans trois stations de métro : Odéon, Montparnasse et Saint-Lazare. "Pour chacune de ces affiches, on est sur des messages que FNE porte depuis quarante ans. Avec le Grenelle de l'Environnement, on a obtenu des choses, mais on a un peu l'impression qu'il y a un coup de mou ", souligne Benoît Hartmann. "On défend un système contre un autre, ce n'est pas une campagne contre une profession qui est elle-même victime de ce système", assure-t-il.
Le point de vue est radicalement différent du côté des agriculteurs et des éleveurs. "Il y a d'autres façons d'ouvrir le dialogue que de taper toujours sur la tête des mêmes", a regretté Inaporc, l'interprofession nationale porcine, qui a demandé l'interdiction des deux visuels sur les algues vertes. La FNSEA a, quant à elle, exprimé son "dégoût" face à "une campagne parisienne de dénigrement ". C’est "une campagne choc, caricaturale et clairement orientée contre l'agriculture", a dénoncé son président Xavier Beulin.