Le dossier explosif du sabotage des lignes TGV va-t-il s’écrouler comme un château de cartes ? La cour d'appel de Paris se prononce vendredi sur une requête en annulation déposée par les avocats des membres du groupe dit de Tarnac, dont Julien Coupat est soupçonné d’être le chef. C’est toute l’enquête qui pourrait être retoquée.
Retour sur près de deux années d’une procédure marquée par de nombreuses zones d’ombre.
Julien Coupat et Yildune Lévy
Qui sont les protagonistes de cette affaire ? Dix personnes ont été mises en examen en novembre 2008 pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Leur point commun : avoir vécu ou fréquenté Tarnac, un petit village de Corrèze. Parmi ces suspects, Julien Coupat, présenté comme le cerveau du groupe, et sa compagne Yildune Lévy.
Ce sont eux qui ont été incarcérés le plus longtemps, avant d’être libérés. En décembre dernier, les mesures de contrôle judiciaire ont été allégées pour l’ensemble des protagonistes.
D’où vient le terme "ultra-gauche" ? L’étiquette a été apposée dès l’annonce des arrestations par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'Intérieur, aujourd’hui ministre de la Justice. Son insistance dans ce dossier lui a donné une tonalité politique, l’opposition criant à l’erreur judiciaire. Julien Coupat, de son côté, nie être l’auteur de "L'insurrection qui vient", un ouvrage qui serait la référence idéologique de cette mouvance dite d’"ultra-gauche" ou "anarcho-autonome".
Que leur reproche-t-on ? Les dix mis en examen sont soupçonnés d’avoir participé à des sabotages de lignes TGV fin octobre et début novembre 2008. Tous nient les faits.
Une enquête très contestée
Quels sont les éléments contestés par la défense ? Les avocats de neuf des dix mis en examen dénoncent d’abord la mise en place, avant les sabotages des lignes TGV, d’un dispositif de vidéosurveillance autour du domicile de Julien Coupat qui serait illégale puisque non autorisée par un juge d’instruction. Ils pointent aussi du doigt les écoutes téléphoniques effectuées autour de l’épicerie de Tarnac, alors qu’un juge avait seulement autorisé une surveillance électronique.
Au-delà de ces arguments juridiques présentés devant la cour d’appel de Paris, la défense continue de contester un document clé de l’affaire : le procès-verbal de la filature de Julien Coupat et Yildune Lévy, réalisée dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, sur les lieux d’un des sabotages. Les avocats exigent une reconstitution, estimant que les enquêteurs pourraient ne pas avoir été présents sur place.
Dernière pièce contestée : un témoignage, sous X, qui constitue un des principaux éléments à charge. Or, le témoin en question a, depuis, donné une version des faits radicalement différente.
Que répondent les enquêteurs ? Qu’ils disposent, pour appuyer leur accusation, d’autres preuves que celles contestées par la défense.