Le président de la Polynésie française a été placé en garde à vue, lundi matin, à Papeete. Après une journée d'audition, il est ressorti libre du commissariat. Gaston Flosse, 83 ans, également sénateur (dvd, ex-UMP), est soupçonné de corruption dans une affaire de financement du chantier d'un hôpital. L'homme, élu à cinq reprises à la tête de la Polynésie française, attend également mercredi la décision de la Cour de cassation sur son éventuelle inéligibilité.
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Un hôtel revendu à un "prix dérisoire". En 2003, le gouvernement Flosse avait attribué le chantier de l'hôpital de Taaone, entré en service en 2010, à une société de gros-oeuvre, la SMPP, sans appel d'offre, selon des sources judiciaires, qui estiment ce contrat à "plus de 5 milliards de francs Pacifique" (42 millions d'euros). Quelques semaines plus tard, Robert Bernut, qui dirigeait la SMPP, avait vendu l'hôtel du Taharaa à Reginald Flosse, le fils de Gaston Flosse, à "un prix dérisoire" selon les mêmes sources. De plus, Reginald Flosse n'a finalement jamais payé ce qu'il devait à Robert Bernut. Le juge d'instruction Philippe Stelmach soupçonne Gaston Flosse d'avoir fait pression sur le directeur de l'EAD, chargé de l'attribution du marché de l'hôpital, pour qu'il choisisse la SMPP, aujourd'hui en cessation de paiement.
"Une mesure délibérée d'humiliation". Reginald Flosse et Robert Bernut sont mis en examen pour corruption. Gaston Flosse, 83 ans, a quant à lui été entendu lundi à 7 heures du matin, sous le régime de la garde à vue, dans les locaux de la section de recherches de la gendarmerie, à Papeete. Son immunité parlementaire avait été levée en avril dans cette affaire.
Pour la Présidence de la Polynésie française, "le choix de placer le Président en garde à vue à la gendarmerie ne peut que procéder d'une mesure délibérée d'humiliation". Le communiqué suggère un "esprit de revanche" qui animerait le juge d'instruction après l'annulation d'une autre procédure. L'affaire Haddad-Flosse, instruite par le juge Stelmach, a en effet été annulée en appel le mois dernier.
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Son inéligibilité confirmée ? Et mercredi, la carrière politique du président de Polynésie française pourrait bien prendre fin en raison d'une autre affaire. La justice lui reproche également d'avoir recruté, pendant des années, des personnes en fonction de leur proximité avec son parti politique. Des personnes qui étaient ensuite mises à la disposition des communes, des syndicats, ou encore des associations locales. Et qui pouvaient être licenciées à n'importe quel moment.
Dix affaires jugées ou en cours. Pour ces faits, Gaston Flosse a été condamné, en appel, à quatre ans de prison avec sursis, 125.000 euros d'amende et trois ans inéligibilité. Il s'est alors pourvu en cassation et la plus haute juridiction française doit rendre sa décision mercredi. Dans son réquisitoire, l'avocat général s'est montré très sévère envers Gaston Flosse. Si sa condamnation est confirmée, selon qu'on appelle le "vieux lion", serait privé de tous ses mandats. Une décision qui pourrait signer, à 83 ans, la fin de sa carrière politique. Avec dix affaires jugées ou en cours, Gaston Flosse, dont la carrière a débuté il y a plus de 60 ans, peut se vanter d'être l'un des hommes politiques les plus poursuivis de la Veme République
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