C'est l'histoire d'une famille désemparée. Il y a cinq ans, leur fils de 11 ans est sauvagement attaqué par trois chiens errants à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Redouane s'en sort miraculeusement. Une dizaine d'opérations plus tard, il a sauvé son bras mais reste lourdement handicapé : il ne peut pas le plier normalement et ne sent pas tous ses doigts. Aujourd'hui, la justice estime que personne n'est responsable de ce drame, comme le rapportait Le Parisien lundi. Conséquence : la famille de Redouane doit aujourd’hui rembourser 60.000 euros versés par un fonds d'indemnisation et perçus en provision. Europe 1 est allée à leur rencontre.
Les chiens "m'ont pris pour leur nourriture". Dès que l'on aperçoit Redouane, on ne remarque que cela : son bras atrophié et une protection pour cacher une vilaine cicatrice de 15 centimètres de long. L'adolescent ne cherche pourtant pas à s'exhiber. Aujourd'hui âgé de 16 ans, le lycéen de 1ère S ne porte que des tee-shirts. Cinq ans après, les cicatrices le font encore souffrir, tout comme le souvenir de cette agression. "Ça me fait mal d'en reparler. C'est quelque chose qui a marqué ma vie", confie-t-il au micro d'Europe 1. "J'étais tout petit à l'époque face à un rottweiller et deux bergers allemands. Ils m'ont mordu, ils m'ont arraché. Ils m'ont pris mes muscles, tout. J'ai des morsures sur tout le corps : ils m'ont pris pour leur nourriture", se souvient-il.
Des blessures mais pas d'infraction pénale. Les séquelles de Redouane sont telles qu'un fonds d'indemnisation lui avait octroyé 60 000 euros. Problème : la justice estime aujourd'hui qu'il n'y a eu aucune infraction pénale. Les chiens errants n'ont pas de propriétaires identifiés et le terrain vague où s'est produit le drame appartient à on ne sait qui. Conséquence, la famille de l'adolescent doit désormais rembourser l'intégralité de cette somme.
60.000 euros à rembourser. "Cet argent était dédié à Redouane, pour qu'il s'en sorte un peu mieux dans la vie, suite à son handicap", assure, désabusée, sa mère, au micro d'Europe 1."Maintenant on nous redemande la totalité parce qu'il n'y a pas de responsable légal. Ce n'est jamais personne puisque tout le monde se renvoie la balle. Je me bats tout le temps mais là ce n'est plus possible". Ainsi, la famille se bat encore pour que les pouvoirs publics et la personne qui nourrissait les chiens soient mis en examen. En attendant, elle va devoir rembourser les 60.000 euros.