Rien ne va plus entre médecins et patients. Les spécialistes observent une véritable crise de confiance entre les médecins et les patients. C'est ce qui ressort des trois rapports qui devaient être remis jeudi à Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, à l'occasion du lancement de "l'année des patients et de leurs droits". Depuis la création du Pôle santé du Médiateur de la République en 2006, le nombre de saisines a explosé pour atteindre 10.000 l'an dernier.
L’exemple de Marc, qui s’est confié à Europe 1, est édifiant. Il a eu un accident de moto en 1999 occasionnant une double fracture ouverte, une blessure grave mais pas irréversible. Mais après plusieurs semaines, et le changement de la fixation externe qui tenait son os, sa jambe s'est infectée et il a contracté une infection nosocomiale. Six ans plus tard, il a dû être amputé.
"Ils ont gâché ma vie", s'insurge Marc, sur Europe 1 :
Au total, Marc a subi 62 opérations, dont la dernière il y a six mois. Le plus dur pendant toutes ces années a été que personne ne lui dise : "on a commis une erreur". Au final, il reste dans le doute sans savoir comment il en est arrivé là.
Au coeur du problème, une question d'assurance. Car quand un médecin ou un hôpital admet qu'il a eu tort ou qu'il a commis une erreur, il n'est plus assuré. Pour rester protégé, il doit se contenter de décrire les faits. Les médecins et les hôpitaux n'ont donc aucun intérêt à reconnaître quoi que ce soit pour ne pas avoir à verser de dommages et intérêts.
Développer la transparence
Pour remédier au problème, les auteurs des rapports suggèrent de renforcer le rôle du médiateur affecté à chaque hôpital. L'idée serait de renforcer sa place, de le rendre plus visible et de pouvoir le saisir alors que le patient et le médecin sont encore à l'hôpital. Pour qu'il soit plus indépendant encore, les rapporteurs proposent de le rattacher au Médiateur de la République
Alain Michel Cerretti, l'un des rapporteurs, estime que le médecin ou l'hôpital doivent se sentir protégés de manière à pouvoir tout dire sans crainte. Selon lui, il est indispensable de développer la transparence entre le médecin et le patient. "Plus il y aura de transparence, moins, il y aura de procès", explique-t-il.
"La vérité guérit", estime Alain Michel Cerretti :
Le point essentiel demeure donc de mieux informer les patients afin de rétablir le lien de confiance avec le praticien. Pour ce faire, les rapporteurs prônent le développement des médiations afin d’éviter les procès, renforcer l'information et faciliter l'accès aux droits. Autre piste possible : la création de personnels référents pour faciliter les démarches des malades chroniques.