Patrick Balkany et son ex-"dircab" se trahissent sur Twitter

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OUPS - Mis en examen dans une affaire de corruption et de blanchiment de fraude fiscale, les deux hommes ont l'interdiction d'entrer en contact. Ce qu'ils ont pourtant fait dimanche.

Belle affiche samedi sur le parquet du Stade Pierre de Coubertin de Levallois-Perret. Le Paris-Levallois (11e) y affrontait Nancy (6e), pour le compte du championnat de Pro A de basket. Un match qui a vu les visiteurs s'imposer 77 à 64. Mais un autre spectacle s'est également joué sous les yeux des quelque 4.000 spectateurs de l'enceinte. Patrick Balkany, l'inévitable député-maire UMP de Levallois, est venu remettre les maillots du All-Star game (un match annuel entre les meilleurs joueurs du championnat de France) à deux basketteurs du club, le tout en compagnie du président de l'équipe. L'occasion pour le PLB de se fendre d'une jolie photo souvenir sur son compte twitter.

Problème : les deux hommes, mis en examen dans une même affaire de corruption, n'ont théoriquement pas le droit de se rencontrer.

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"Première gâchette chez Balkany". Le président du Paris-Levallois n'est autre que Jean-Pierre Aubry, l'ancien directeur de cabinet de Patrick Balkany à la mairie. Un homme qui se décrit sur Twitter, où il retweete la photo en question, comme "première gâchette chez Balkany", sous l'avatar de Meyer Lansky, figure de la pègre américaine dans la seconde moitié du XXe siècle. Un homme qui est aussi mis en examen depuis octobre dernier pour "complicité de corruption " et "blanchiment de fraude fiscale", dans la même affaire qui vaut des poursuites à Patrick Balkany, pour "blanchiment de fraude fiscale", "corruption" et "blanchiment de corruption", cette fois. Depuis lors, Jean-Pierre Aubry a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de rencontrer son ancien patron. Les deux hommes ont donc théoriquement l'interdiction de se rencontrer.

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Une première rencontre "fortuite" en novembre. Depuis la mise en application de cette mesure contraignante, les deux hommes n'en sont pour autant pas à leur première rencontre depuis le début de cette mesure contraignante. En novembre dernier, photo à l'appui, Mediapart relevait en effet que Patrick Balkany et Jean-Pierre Aubry avaient été "repérés discutant ensemble devant L’Anjou, un restaurant de Levallois-Perret". L'avocat de l'ancien bras-droit avaient alors évoqué une rencontre due au hasard, Jean-Pierre Aubry s'étant "retrouvé nez à nez avec Patrick Balkany" malgré lui. "Oui, ils se sont vus et salués, mais il s’agit d’une rencontre fortuite sur le marché", avait précisé Me Emmanuel Marsigny.

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Quelles conséquences peut avoir une telle rencontre ? C'est désormais au juge d'instruction en charge du dossier en question d'apprécier s'il estime qu'il y a ici une violation du contrôle judiciaire. "Le juge peut enclencher la procédure, en décidant une éventuelle saisie du juge des libertés et de la détention (JLD) aux fins de révocation du contrôle judiciaire", explique à Europe 1 Véronique Léger, membre de l'Union Syndicale des Magistrats. En clair, demander que le mis en examen soit placé en détention provisoire.

"Le procureur de la République va alors prendre des réquisitions, soit en demandant la révocation du contrôle judiciaire soit son maintien ou éventuellement une modification de ce contrôle. Et c'est le JLD qui au final prend cette décision", précise la magistrate. "Il faut bien voir que la mesure de contrôle judiciaire vise à protéger les investigations. Le juge d'instruction va donc exercer son appréciation en fonction de l'enquête, selon le niveau et le stade où elle se trouve", explique-t-elle. Et dans le cas où le caractère fortuit de cette rencontre est avéré ? "Le juge d'instruction peut estimer, en fonction des informations qui lui sont données, qu'il n'est pas nécessaire d'enclencher cette procédure". Tout simplement.

"J'ai le droit d'aller où je veux". De son côté, Patrick Balkany, joint par Europe 1, se montre pour le moins irrité à l'évocation de l'épisode du Paris-Levallois Basket. "J'ai le droit d'aller où je veux. Je vais au match de basket pour remettre le maillot et il y avait 4.000 personnes", argue l'édile.