L'INFO. Ce réseau de cambrioleurs avait écumé l'est de la France, la Belgique et l'Allemagne, parfois en forçant des enfants à commettre des larcins. Mercredi, le parquet de Nancy a requis la peine maximale, soit dix ans d'emprisonnement, à l'encontre de dix des 27 Roms de Croatie, âgés de 19 à 55 ans et organisés en trois clans familiaux, jugés depuis le 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Nancy pour ces vols en série.
"Violence", "lâcheté" et "cupidité". Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public, Grégory Weil, a d'abord dépeint "un système basé sur la violence", avant de dénoncer la "lâcheté" et la "cupidité" des prévenus, accusés d'avoir forcé des enfants à commettre ces cambriolages en série. "A vous qui n'avez craint aucune outrance pour vous dérober, je n'aurai que deux mots : lâcheté et cupidité", leur a ainsi jeté le vice-procureur de la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy. "Ils ne vivent que sur des infractions commises par des gamins. Ce ne sont pas des gens hors de la société, mais hors la loi", a-t-il poursuivi.
Au détriment des enfants. Les prévenus "ont parfois renié leurs propres enfants, en les traitant de menteurs, d'alcooliques, de drogués ou de malades mentaux lorsqu'ils ont parlé aux enquêteurs. Mais aucun des enfants n'était malade mental", a-t-il relevé. Le vice-procureur a encore ironisé sur "leur insolente prospérité en temps de crise", en notant qu'il valait "mieux faire envie que pitié". "Il ne s'agissait pas de survie, mais d'accumulation frénétique", a-t-il dévoilé, avant de réclamer la confiscation de l'ensemble des biens.
Un préjudice de plusieurs millions d'euros. L'enquête, basée sur des milliers d'écoutes interceptées chez 120 suspects, a mis au jour une organisation dirigée par des chefs de clan, aidés de capitaines, lieutenants et enfin de leurs enfants, âgés d'une dizaine d'années, exécutants des cambriolages. Le préjudice total de leur équipée a été évalué à plusieurs millions d'euros. L'enquête a également établi que ce réseau se livrait à la traite d'êtres humains, délit pour lequel plusieurs prévenus sont poursuivis, dans le cadre "d'achats" d'épouses, parfois pour 180.000 euros. "L'institution du mariage rom a été détournée, dévoyée", a encore dénoncé le vice-procureur, pour qui "les traditionnelles dots étaient d'un prix exorbitant, au-delà de la coutume. Il ne faudra pas prendre le dangereux chemin du relativisme, voire du déterminisme culturel, pour justifier ces faits", a-t-il poursuivi. "Voilà la vérité : celle d'une fillette de 13 ans qui a passé toute son adolescence, sa jeunesse à prendre tous les risques, y compris celui de se faire tuer", a asséné le représentant de l'accusation après avoir lu trois pages de déposition d'une jeune femme qui décrivait l'organisation des cambriolages. Elle y racontait les équipes de deux - un enfant pour fouiller les maisons, l'autre pour surveiller, après avoir vérifié que les occupants étaient absents -, l'attrait principal pour les bijoux, les montres, l'argent liquide, qu'ils commençaient toujours à chercher d'abord dans les chambres, puis la salle de bains.
Ils n'ont pas avoué. Des accusations que les prévenus ont niées en bloc tout au long du procès. Le représentant du ministère public a retenu l'ensemble des charges qui pesaient contre les dix principaux suspects. Grégory Weil a par ailleurs requis la relaxe pour une des prévenues ainsi que des peines allant de trois mois de prison avec sursis à huit ans de prison ferme à l'encontre des autres individus poursuivis. Le procès pourrait s'achever dès jeudi.