L'INFO. A 59 ans, Philippe El Shennawy, l'un des plus anciens détenus de France, a recouvré la liberté vendredi matin après avoir passé 38 ans, les deux tiers de sa vie, derrière les barreaux. Il devra porter un bracelet électronique pendant deux ans et doit commencer un travail de chef de projet pour l'événementiel culturel dès lundi. A sa sortie, Philippe El Shennawy, a livré ses premiers mots "d'homme libre" au micro d'Europe 1.
• Comment a-t-il tenu ses 38 dernières années ? Visiblement ému, Philippe El Shennawy est d'abord revenu sur ses années de privation de liberté. "J'ai tenu grâce à X raisons : les gens qui m'aiment, la non-acceptation de quelque chose que je n'ai jamais accepté, et puis savoir que de toute façon, j'allais sortir", a-t-il affirmé devant la centrale de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Philippe El Shennawy évoquait ainsi sa condamnation initiale, en 1977. L'homme avait été condamné à la perpétuité pour un braquage avec prise d'otage auquel il a toujours nié avoir participé.
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• Sur sa liberté conditionnelle. Depuis sa condamnation, l'homme a donc connu presque 40 années de prison, ponctuées de deux évasions. Un passé carcéral lourd marqué par vingt ans à l'isolement, six années en internement psychiatrique, 42 transfèrements, 34 jours de grève de la faim et une tentative de suicide. "Je sais que ce n'est pas fini et c'est ça le problème. 38 ans, ce n'est pas assez donc on va continuer. On me dit : 'vous en avez encore pour deux ans avec un bracelet'", a-t-il dénoncé. "Ce n'est pas une liberté, c'est des permissions de douze heures par jour et le week end, c'est trois heures. Je ne suis pas d'accord mais je l'accepte. A partir du moment où je l'accepte, il faut que je m'y soumette", a-t-il assuré en évoquant sa liberté conditionnelle.
• "Ma première préoccupation : le travail". Que va-t-il faire désormais ? "Aujourd'hui, j'ai envie de vivre, d'abord je vais être avec mon épouse, avec mes amis et les gens que j'aime", a poursuivi Philippe El Shennawi. "Ensuite, ma première préoccupation ça va être le travail, parce que j'ai la chance d'avoir un travail", a-t-il expliqué. "Et j'ai un tas d'autres préoccupations, notamment par rapport à la prison et à l'enfermement. On ne peut pas enfermer les gens pour les traiter ensuite comme des paquets", a-t-il encore dénoncé.
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