"On ne peut pas transiger sur le sort et la liberté de nos concitoyens". L'avocate générale Anne Obez-Vosgien a montré sa fermeté lundi, lors du procès de six pirates somaliens jugés à Paris pour la prise en otages d'un couple de Français à bord d'un voilier, dans le Golfe d'Aden en 2008. Dans son réquisitoire, l'avocate générale a réclamé des peines allant de six ans de prison ferme à 16 ans de réclusion à l'encontre des pirates.
La situation en Somalie ne peut pas "justifier le crime"
La "misère" du peuple de Somalie, pays en guerre depuis 20 ans, ne peut pas "justifier le crime", a estimé Anne Obez-Vosgien. Les six accusés, aujourd'hui âgés de 21 à 36 ans, avaient été capturés à bord du Carré d'As, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2008, par des commandos de la marine française venus libérer Jean-Yves et Bernadette Delanne, retenus en otages. Un des pirates avait été tué au cours de l'opération.
Le couple de Français, skippers expérimentés résidant en Polynésie, convoyait le voilier d'Australie vers la France lorsqu'il avait été arraisonné par des pirates deux semaines auparavant, le 2 septembre. Les pirates réclamaient une rançon de deux millions de dollars.
14 à 16 ans de prison requis contre les meneurs
La représentante du ministère public a demandé à la cour d'assises des mineurs de prononcer les peines les plus lourdes, de 14 à 16 ans de réclusion, contre les trois hommes qui avaient participé à l'abordage du voilier, Ahmed Ahmoud Mahmoud, Abdirahman Farah Awil et Cheik Nour Jama Mohamoud. Pour Anne Obez-Vosgien, ce sont des "professionnels" de la piraterie.
Anne Obez-Vosgien a également requis une lourde peine, de 13 à 15 ans de réclusion, contre Mohamed Hassan Yacoub, le instruit de tous les accusés, qui était l'interprète en anglais de l'opération.
Des peines de huit et six ans de prison ont enfin été requises contre le plus jeune des pirates, Youssouf, mineur au moment des faits, ayant fait office de cuisinier et sentinelle, ainsi que contre un pêcheur, Guelleh Abdulahi Ahmed. Ce dernier est le seul à avoir pu établir au procès, en cours depuis le 15 novembre, qu'il était effectivement un pêcheur.
Le verdict attendu mercredi
Le verdict est attendu mercredi, après les plaidoiries de la défense lundi après-midi. Les faits d'enlèvement et séquestration en bande organisée pour lesquels sont poursuivis les accusés sont passibles de la réclusion à perpétuité.