L’info. Les ministères de l’Education nationale de tous les pays développés avaient les yeux rivés mardi sur un document dont ils ne cesseront d’entendre parler : l’édition 2013 du classement Pisa, comme Programme international pour le suivi des acquis des élèves. Sur le papier, son principe est simple : mesurer l'efficacité du système éducatif d’un pays. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
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Qui fait ce classement ? L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui regroupe 34 pays développés ayant en commun d’avoir un régime démocratique et une économie de marché. Cet organisme a pour "finalité de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde". Pour identifier ces bonnes pratiques, l’OCDE réalise donc des études et des statistiques, principalement économiques, mais aussi sur d’autres sujets, dont le fameux classement Pisa.
Comment est-il réalisé ? Lancé en 2000, le classement Pisa est effectué tous les trois ans en soumettant des élèves de 15 ans à une batterie de tests. Ces exercices sont les mêmes dans les 65 pays étudiés, ce qui permet ensuite de comparer les systèmes scolaires de chaque pays. Pour l’édition 2013, quelque 470.000 élèves ont participé à ces tests au cours de l’année précédente. Les établissements, qu’ils soient publics ou privés, sont tirés au sort et les épreuves durent deux heures. Elles sont complétées par un questionnaire général de trente minutes qui doit permettre aux élèves de donner leur opinion sur leur système éducatif et d’indiquer de quel milieu social ils proviennent.
A quoi ressemble une épreuve Pisa? Trois matières sont au programme (mathématiques, langue française et sciences) avec des exercices combinant théorie pure et applications pratiques. L’épreuve de lecture comporte par exemple plusieurs exercices sur le modèle suivant : une page de texte, voire de graphiques ou de tableaux, suivie de plusieurs questions pour tester la compréhension de ces documents. De même, pour l’épreuve de mathématiques, "vous avez les exercices classiques d’algèbre, de géométrie dans l’espace mais vous avez aussi leur utilisation dans des situations concrètes. Cela peut être la cuisine, le bricolage, où on voit si les élèves ont vraiment compris comment utiliser les mathématiques", détaille Eric Charbonnier, analyste de l'OCDE en charge des questions d'éducation.
Pourquoi fait-il toujours parler de lui ? En hiérarchisant les systèmes scolaires nationaux, ce classement décerne des bons et mauvais points, ce qui n’est pas sans conséquence. Les gouvernements des pays primés se félicitent de leur réussite, tandis que les pays mal classés se sentent obligés de se justifier. Avec souvent deux axes : le constat que des réformes sont nécessaires, notamment en s’inspirant des bons élèves, mais aussi une critique sur le classement Pisa en lui-même. Ainsi, dans sa note d’information de 2001 qui commentait le premier classement Pisa, le ministère de l’Education français n’a pas manqué d’appeler à la "prudence quant à l’interprétation des palmarès qui ne constituent en somme qu’une moyenne de résultats disparates et non une mesure unidimensionnelle robuste d’une compétence de portée générale".
L’exemple de la France. Mais ce classement peut aussi faciliter la vie de certains ministres en leur fournissant des arguments. Déjà informé des grandes lignes de cette édition 2013, Vincent Peillon a ainsi donné le ton fin octobre, en prévenant que l'enquête Pisa révèlerait que les "écarts" en France entre les bons et mauvais élèves s'étaient "accrus dans des proportions qui sont inacceptables". Un argument de poids pour justifier "une vraie réforme de l'éducation prioritaire", qui concerne environ 20% des élèves, le plus en difficulté. Et le ministre d’ajouter : "j'espère maintenant que les uns et les autres voyant ces chiffres seront encore plus unis pour conduire à bien cette refondation".
Et au fait, quels étaient les derniers résultats de la France ? Juste au-dessus de la moyenne, mais le modèle français ne cesse de perdre des place. En 2009, l’Hexagone s’est classé 21e sur 65 pays analysés en compréhension de l'écrit, 22e en mathématiques et 27e en sciences. La France avait fait légèrement mieux lors des éditions précédentes, en se classant 17e en compréhension de l’écrit, 17e en mathématiques et 19e en sciences.
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