Piss Christ : qui sont ces chrétiens traditionalistes ?

Des catholiques ont manifesté samedi devant le musée d'art contemporain d'Avignon, pour exiger le retrait du Piss Christ.
Des catholiques ont manifesté samedi devant le musée d'art contemporain d'Avignon, pour exiger le retrait du Piss Christ. © Maxppp
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Caroline Vigoureux
Un mouvement catholique demande le retrait de l’œuvre, lacérée dimanche à Avignon.

 

Dimanche, deux tableaux ont été détruits au musée d’art contemporain d’Avignon, par quatre individus cachés derrière des lunettes noires. L’un d’entre eux, le Piss Christ, représente un crucifix dans un verre d’urine, célèbre cliché de l’artiste américain Andres Serrano.

 

La veille, une manifestation avait eu lieu devant le musée à l’initiative de l’Institut Civitas. Plus de 80.000 personnes ont déjà apposé leur signature sur une pétition lancée par cette organisation, qui demande le retrait de cette œuvre.

"Rechristianiser la société"

 

"Un retour en arrière très inquiétant", selon le directeur du musée d'Avignon, Eric Mézin. "Il n’y a aucun œcuménisme dans les propos de ces chrétiens traditionalistes", estime-t-il.

 

Ces chrétiens traditionnalistes sont en fait regroupés derrière l’Institut Civitas, "un mouvement catholique qui a pour vocation de rechristianiser la société française, défendre la catholicité et combattre la christianophobie", explique à Europe1.fr Alain Escada, secrétaire général de l'organisation.

 

Si son institut compte seulement entre 500 et 600 membres, il assure que Civitas détient un réseau très large qui lui donne "une caisse de résonnance très importante", en témoigne le nombre de signataires de la pétition.

"Une exaspération compréhensible"

 

Sur la forme, il ne cautionne pas cet acte de vandalisme. "Nous nous refusons à participer à une action qui sortirait du stricte cadre légal", assure-t-il. Sur le fond, les faits lui paraissent plus légitimes : "cela témoigne d’une exaspération compréhensible à partir du moment où l’on s’obstine de la sorte à viser les chrétiens". Aussi, Alain Escada rappelle que cette exposition est financée via l’argent du contribuable, donc de certains citoyens chrétiens.

 

Selon lui, la société accepte avec le catholicisme ce qu’elle n’accepterait pas avec d’autres religions. Il assure qu’il "existe une différence de traitement vis-à-vis de la religion catholique". Et déplore que "certaines églises soient détruites alors qu’il y a de plus en plus de mosquées en France".

 

Pour mener à bien son combat, Civitas entend "influencer les lois pour qu’elles soient inspirés de la vision chrétienne". Leur mode d’action ? Pétitions, mails, manifestations… "toujours dans le cadre de la légalité", répète Alain Escada.

 

L’œuvre présentée mardi

 

Le musée, fermé dimanche après l'agression, rouvrira ses portes mardi "en présentant les œuvres détruites afin que le public puisse apprécier par lui-même la violence des actes de barbarie perpétrés", précise-t-on.

 

Lundi, un membre de la collection du musée aurait reçu des menaces de mort par téléphone. En attendant, on ne sait toujours pas qui se cachaient derrière les lunettes noires.