Ils s’apprêtaient à monter dans un TGV pour Paris. Plusieurs Afghans ont été interpellés mardi matin sur le quai de la gare, à Cannes. Ils avaient en poche un billet de train mais pas de papiers. Ils ont aussitôt été embarqués dans un TER, encadrés par les policiers sous l’œil plutôt surpris des voyageurs priés de se déplacer à l’arrière du train. Objectif : reconduire les Afghans jusqu’à Vintimille, à la frontière italienne.
Sauf que, au-delà de Menton, la police française n’est plus compétente. Selon Michaël Albin, délégué CGT cheminots, les policiers auraient demandé aux agents du TER d'emmener les clandestins jusqu'à la ville italienne. "L'objectif du service public, c’est de transporter les gens et non pas de les conduire à la frontière", tempête-t-il.
Pour le leader syndical, la demande des policiers est "inconcevable" :
La préfecture des Alpes-Maritimes a aussitôt démenti toute réquisition de train ou d’agents SNCF. Le communiqué du préfet précise que 21 Afghans en situation irrégulière, et non 39 comme indiqué par la CGT, ont été interpellés sur les quais de la gare de Cannes, dont l'un a été placé en garde à vue pour usage de faux documents.
Les clandestins sont donc descendus à Menton avec la police, qui les a ensuite remis aux italiens à Vintimille, où ils n’ont absolument pas l’intention de rester.
"Les relents d'un climat délétère"
Le président socialiste de la région Paca, Michel Vauzelle, a fait part mardi soir de "sa profonde indignation". "Je suis profondément scandalisé devant de telles pratiques car elles sont, au-delà même de la violence morale qu'elles révèlent, inacceptables dans un Etat de droit", a-t-il dénoncé dans un communiqué. "Aucun ordre de réquisition écrit n'a été présenté au contrôleur de ce train et la direction régionale de la SNCF n'a pas été informée préalablement comme l'exigent les textes", a-t-il précisé.
"Au nom de la Région, autorité organisatrice des transports, je ne peux me contenter de vagues explications officielles", a prévenu le président de la Région, craignant "malheureusement de voir dans cette affaire les relents d'un climat délétère, nourri à la veille d'élections importantes par l'instrumentalisation de faux débats sur l'identité nationale et sur la pression migratoire".