L'invitation était plus que symbolique. Après une décennie de tensions entre policiers et magistrats, et un conflit quasi-permanent sous la présidence de Nicolas Sarkozy, entre le pouvoir judiciaire et l'exécutif, Manuel Valls a participé vendredi au congrès de l'Union syndicale des magistrats. Le ministre de l'Intérieur a joué la carte de l'apaisement face à des juges qui n'acceptent plus "la stigmatisation permanente, le discrédit jeté sur nos décisions et la chasse au juge", selon Christophe Régnard, le président sortant du syndicat.
"La loi pénale ne se décrète pas à l'Elysée"
"Je suis venu, en effet, tourner la page d'une décennie", a assuré Manuel Valls. "Dix années durant lesquelles, malgré les mises en cause provenant des plus hautes autorités de l'Etat, vous n'avez jamais cédé à la provocation", a-t-il ajouté. "Le ministère de la Justice, et lui seul, doit être le ministère de la loi pénale", a poursuivi le ministre. "La loi pénale ne se décrète pas à l'Elysée, elle ne s'impose pas sur injonction du ministère de l'Intérieur, elle s'écrit au ministère de la Justice", a-t-il ajouté.
"La dictature du fait divers est terminée"
"La dictature du fait divers est terminée, nous ne légifèrerons pas à chaque drame que la société connaît", a encore assuré Manuel Valls, en référence à la critique souvent adressée par les magistrats au quinquennat de Nicolas Sarkozy. "Je ne permettrai pas de manifestations des forces de l'ordre contre des décisions de justice" comme ce fut le cas sous la précédente majorité, a-t-il encore promis.
Au printemps dernier, par exemple, des policiers avaient multiplié les manifestations pour protester contre la mise en examen pour homicide volontaire de l'un de leurs collègues en Seine-Saint-Denis. En décembre 2010, d'autres policiers avaient manifesté devant le tribunal de Bobigny, après la condamnation à de la prison ferme de sept de leurs collègues.
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Une "vieille et stérile querelle" entre police et justice
"Le ministère de l'Intérieur a aussi la charge du respect des libertés", a ajouté Manuel Valls, pour souligner la complémentarité entre les ministères de la Justice et de l'Intérieur. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui s'est exprimée après lui, a elle aussi réprouvé la "vieille et stérile querelle" entre police et justice, et promis de respecter l'indépendance des magistrats.