Pollution et pollen, le cocktail explosif

Les enfants sont particulièrement fragilisés pendant les pics de pollution printaniers
Les enfants sont particulièrement fragilisés pendant les pics de pollution printaniers © MAXPPP
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avec Raphaële Schapira et Sandrine Andreï , modifié à
Les pics de pollution se multiplient et se banalisent. Peu de gens sont informés de la situation.

Alerte aux particules fines en agglomération : les seuils sont une nouvelle fois dépassés mercredi, notamment en Ile-de-France et en Normandie. Avec l'arrivée du beau temps, les grandes villes françaises sont victimes d'une importante pollution, accentuée avec le pollen.

Pollen et particules fines

"La pollution crée une irritation des voies respiratoires, qui les rend plus vulnérables, au contact avec les pollens", explique Sophie Silcret, allergologue parisienne au micro d'Europe 1. "Par ailleurs, un grain de pollen c'est un peu comme une noix, avec une coque, et à l'intérieur une protéine allergisante. La pollution a un rôle d'abrasion de la coque, et la protéine exerce d'autant plus son pouvoir allergisant", poursuit-elle. L'allergologue recommande donc aux personnes allergiques ou asthmatiques d'éviter les promenades ou les efforts physiques à l'extérieur, en milieu de journée, lors des pics de pollution.

"Le pollen accentue le pouvoir allergisant de la pollution", explique Sophie Silcret.

 

Des risques méconnus

Les riverains semblent cependant ignorer cette préconisation. "Quand il fait beau à Paris, il faut en profiter, après il en coûte ce qu'il en coûte, mais on le sort quand-même", explique Rebecca, une jeune maman d'un nouveau-né de deux mois, au micro d'Europe 1. Mais "mis à part l'asthme", la jeune femme avoue de pas connaître les risques d'un tel cocktail pour son enfant.

Depuis janvier le seuil d'alerte a été atteint un jour sur trois à Paris. "Et ça n'affole personne", lance l'adjoint au maire Europe Ecologie Denis Baupin, au micro d'Europe 1. Il estime que l'Etat n'informe pas bien les citoyens.

"Non-assistance à personne en danger"

"On laisse en danger une partie de la population", poursuit-il. "Je pense notamment aux enfants, je pense aux personnes âgées, aux personnes qui sont malades respiratoires… Quand on sait que la pollution de l'air tue 40.000 personnes par an en France, selon les chiffres de l'OMS, on se dit que l'on est dans une situation de non-assistance à personne en danger".

Pour cet élu écologiste, il faudrait prendre des mesures de "bon sens" lors de ces pics de pollution. La préfecture devrait par exemple interdire aux poids lourds de circuler dans la capitale. Car demander aux plus fragiles de rester chez eux ne suffit pas, estime Denis Baupin.

Le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, a quant à lui qualifié d'"erronés" les propos de ce dernier, et a pris la défense du gouvernement, qui a abaissé les seuils d'alerte pour justement "prendre des mesures". Interrogé mercredi sur Europe 1 , le numéro deux d'EELV, Jean-Vincent Placé a par ailleurs reconnu qu'il y avait un problème de prévention. "Malheureusement les mesures déjà mises en place ne sont pas respectées", a-t-il déploré.