Vieux serpent de mer jamais sorti de son cocon en France, le péage urbain fonctionne-t-il vraiment ailleurs ? Le péage urbain, c'est ce système destiné à désengorger les centres-villes, en faisant payer les automobilistes à l'entrée. Et la ville de Milan vient de recevoir le prix 2014 du Forum international des transports, rattaché à l'OCDE, pour avoir mis en place un tel système.
- 35% de CO2 à Milan… Ce prix récompense les meilleures initiatives en matière de transport. Et le péage urbain de Milan fait figure de premier de la classe. Baptisé "Area C", il impose à tout automobiliste le paiement d’un ticket d’entrée de 5 euros, du lundi au vendredi de 7 h 30 à 19 h 30. Mis en place dans le centre historique et pour les seuls véhicules polluants en 2007, il a été étendu à tout le centre-ville depuis 2011, ainsi qu'à tout type de véhicule.
Résultat, selon le jury du Forum international des transports : le trafic a diminué de 28% depuis trois ans. L’usage des transports en commun a augmenté (+ 6,9 % pour le bus et + 4,1 % pour le tram). La part des véhicules propres est passée de 9,6 % à 16,6 %. Et les émissions de particules fines et de CO2 ont été réduites de 10% 35 %, comme le détaille Le Monde.
… - 9% de CO2 à Stockholm… Milan, l'une des villes européennes les plus polluées, n'est pas un cas isolé. Stockholm, également, a mis en place en 2006 un péage, entre 1,10 et 1,30 euro en fonction de l'heure, pour diminuer son trafic. Et selon l'agence gouvernementale Transportstyrelsen, le nombre d'automobilistes traversant Stockholm a baissé de 20 % depuis l’instauration de la zone de péage, passant de 106 millions d’automobilistes en 2005 à 81 millions. Et dans la foulée, les émissions de CO2 ont baissé de 9 à 14 % à Stockholm entre 2007 et 2009, selon les estimations.
… Mais à Londres, ce n'est pas encore ça. À Londres, en revanche, le résultat est plus controversé. Équipé, depuis 2003, d'un péage à 8 livres (10 euros), la ville a, certes, vu son trafic en centre-ville diminuer. Le nombre de voitures a baissé de 15 % dans la zone concerné par le péage. Mais le trafic s'est reporté sur les routes périphériques. Résultat : la pollution ne diminue pas. "Malgré leurs efforts exhaustifs, les chercheurs n'ont pas trouvé de preuve solide d'amélioration de la qualité de l'air", dénonce ainsi la Health Effects Institute (HEI), qui a mené, en 2011, la seule étude indépendante sur le sujet.
Une question de mentalité ? L'une des explications pourrait résider dans la mentalité des habitants. À Milan, lors du référendum de 2011 visant à étendre le péage, 79,1 % des votants se sont déclarés favorables au système. Dans le Grand Stockholm, 67% des habitants sont satisfaits du péage, selon une enquête d’opinion du Centre d’études des transports suédois. Et cela se traduit dans les faits, puisque les habitants privilégient aujourd'hui les transports propres.
Mais à Londres, les automobilistes semblent ne pas vouloir délaisser leur voiture et préfèrent le périph. L'extension du péage à l'Ouest de la ville, en 2005, avait d'ailleurs suscité une immense controverse (seul 25% des Londoniens l'acceptaient, selon un sondage rapporté par le ministère des Transports). Et le maire actuel Boris Johnson a, notamment, été réélu avec la promesse de supprimer cette extension.