Ils étaient en détention provisoire depuis quatre ans. La cour d'assises de Paris a prononcé jeudi soir deux acquittements et quatre peines de quatre à dix ans de prison dans le procès des six Somaliens accusés de la prise d'otages du voilier Le Ponant, en avril 2008. Conséquence : trois des six Somaliens jugés vont pouvoir sortir de prison. "On va aller les chercher à la maison d'arrêt, leur trouver un endroit pour dormir et essayer d'organiser leur vie au mieux", a raconté Me Rachel Lindon.
Le ministère public avait requis 10 à 15 ans de réclusion criminelle pour ces six hommes de 25 à 50 ans. Lors du procès, débuté le 22 mai, un seul Somalien pourtant a reconnu avoir participé à toute l'opération. Deux autres se sont présentés comme des ravitailleurs des pirates en chèvres, khat et cigarettes. L'un des deux a seulement admis avoir gardé les otages "quelques heures". Enfin, trois des accusés ont toujours clamé leur innocence.
Libérés contre 2,15 millions de dollars
Le 4 avril 2008, Le Ponant avait été arraisonné à l'entrée du Golfe d'Aden et dérouté vers les côtes somaliennes. Plusieurs dizaines d'hommes s'étaient relayés à bord pendant une semaine pour garder les 30 membres d'équipage.
Une semaine plus tard, les otages avaient été libérés sains et saufs contre une rançon de 2,15 millions de dollars versée par l'armateur, filiale de la CMA-CGM. Les six accusés avaient été interpellés à terre par les forces spéciales françaises. Dans leur 4X4, elles avaient découvert des armes et une partie de la rançon.
Quatre affaires de pirates jugées en France
C'est le deuxième procès sur quatre affaires de ce type que la France a entrepris de juger. Lors du premier, qui concernait la prise d'otages du voilier Carré d'As en 2008, les assises de Paris ont condamné fin 2011 cinq pirates somaliens à des peines de quatre à huit ans de prison et acquitté un sixième homme. La justice française devra encore rejuger les six accusés car le parquet a fait appel.
Par ailleurs, doivent être encore jugés trois autres Somaliens capturés lors de l'assaut du voilier Tanit, où un otage français avait péri en 2009, atteint par une balle tirée par un militaire français, puis un groupe de sept derniers hommes accusé de l'attaque en septembre 2011 d'un catamaran dans laquelle un Français avait été assassiné.