Une femme âgée d’une quarantaine d’années, issue d’un parcours universitaire, parfois marié à un confrère. Tel pourrait être le profil type d’un enseignant lambda pour cette rentrée 2012, à en croire les statistiques. La réalité des 712.600 enseignants qui ont fait leur rentrée lundi dans les écoles, collèges et lycées de France est évidemment loin d’être aussi uniforme. Mais les chiffres éclairent la réalité d’un métier au sujet duquel les clichés ont la vie dure. Europe1.fr tire le portrait robot d’un professeur en 2012.
• Dans la quarantaine. Le professeur moyen commence à avoir les tempes grisonnantes. Car comme le reste de la population française, il vieillit. Aujourd’hui, il est âgé de 42 ans en moyenne, selon les chiffres du ministère de l’Education, datant de 2011-2012. Soit quatre mois de plus que l’année précédente. Dans le détail, 52,6% des enseignants sont âgés de 30 à 45 ans, alors que 12,9% d’entre eux ont plus de 55 ans. Outre le vieillissement global de la population, l’explication est mécanique : ces dernières années, moins d’enseignants ont été recrutés. Moins de jeunes professeurs, cela implique forcément une élévation de l’âge moyen.
• Le plus souvent, l’enseignant est une enseignante. Cela est surtout vrai dans le premier degré, où les élèves usent beaucoup plus du "maîtresse" que du "maître". 81% des 372.600 enseignants du secteur sont en effet des institutrices. Ce chiffre, aujourd’hui stabilisé, a été en constante augmentation depuis trente ans.
Dans le secondaire, la parité est mieux respectée, puisque les femmes ne représentent plus que 57,8%. Une proportion stable depuis les années 1970. Autre constat : plus le niveau augmente, plus la part des femmes baisse. Parmi les 214.800 professeurs certifiés, 63,8 % sont de sexe féminin, alors que seuls 50% des quelque 46.600 d’agrégés sont des agrégées.
• Un gros travailleur. Loin des clichés, le professeur, malgré ses quelque 16 semaines de congés, est un laborieux. Car son métier ne s’arrête pas aux portes de son établissement. L’enseignant d’aujourd’hui travaille pour le plus gros de son temps loin de ses élèves. En moyenne, son service hebdomadaire, s’il enseigne dans le secondaire, s’est élevé en 2011-2012 à 18,5 heures, dont 17,4 heures d’enseignement. Mais ce chiffre ne comprend pas tout le travail de l’enseignant, puisqu’en sont écartés les corrections des copies, les préparations des cours, les réunions pédagogiques, ou encore les entretiens avec les parents.
Selon une étude datant de 2008, le travail effectif hebdomadaire de l’enseignant moyen s’élève en fait dans le secondaire à 39h54 par semaine, dont 20h48 hors de la présence d’élèves. La préparation des cours, 8h50 par semaine, et les corrections des devoirs, 5h24, sont les activités les plus chronophages pour le professeur. Et c’est à son domicile qu’il œuvre la plupart du temps.
• Marié à… un enseignant. C’est encore souvent le cas : l’enseignant est marié… à une enseignante. "En 2007, 25% des hommes enseignant dans le secondaire avaient un conjoint également enseignant", cite à titre d’exemple Géraldine Farges, chercheuse associée à l’Observatoire sociologique du changement. "La proportion montait à 40% dans le premier degré", poursuit la sociologue, jointe par Europe 1.fr. Au fil du temps, la tendance a évolué. A la baisse d’abord. 29% des enseignantes nées dans les années 1930 avaient un conjoint exerçant la même profession. Cette proportion est tombée à 19% pour les enseignantes nées dans les années 1960. "C’est d’abord dû à la transformation de la société française, qui a compté plus de cadres, et donc plus d’opportunités pour les professeurs de se marier avec des cadres", explique Géraldine Farges.
Ces dernières années, la tendance s’est inversée. L’homogamie enseignante est repartie à la hausse. Plusieurs facteurs expliquent ce changement de tendance. "De plus en plus d’enseignants sont eux-mêmes des enfants d’enseignants qui reproduisent le schéma de leurs parents", explique Géraldine Farges. Mais il y a une autre raison. "Le métier a été beaucoup décrié, très peu valorisé par la société. Il y a donc chez les enseignants une volonté de trouver un conjoint à même de les comprendre", décrypte la chercheuse. Lassé des critiques, l’enseignant cherche donc à se protéger.
• Il veut se changer les idées. Le cliché du professeur retranché chez lui, plongé dans ses livres, a vécu. Aujourd’hui, le professeur moyen veut s’aérer l’esprit, surtout avec l’influence des jeunes générations. "Il y a, surtout chez les jeunes générations, une volonté de se détacher, d’être un peu plus indépendant vis-à-vis de la corporation", analyse Géraldine Farges. "Cela s’exprime dans les ouvertures à des pratiques culturelles ‘non-savantes’, comme les films grand public au cinéma", poursuit la sociologue.
Et désormais, le professeur assume ses loisirs. "Le fait de ne pas travailler le week-end, de séparer très clairement le temps de travail et le temps de loisir sont des faits nouveaux", explique Géraldine Farges. "Il y a aussi une volonté de calquer son rythme de travail sur celui du privé", conclut la chercheuse.