Pour la justice, l’exposition controversée Exhibit B n'est pas raciste. La justice a débouté mardi les associations demandant la suspension du spectacle, qu'elles jugeaient raciste, estimant au contraire que cette exposition "ne porte pas atteinte au respect de la dignité de la personne humaine". L'installation, dénonciation de l'histoire coloniale à travers douze "tableaux vivants" évoquant les "zoos humains" de la fin du XIXe siècle, doit être représentée au théâtre du Centquatre, dans le 19e arrondissement de Paris, jusqu'à la fin de la semaine.
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Pas raciste, malgré la forte émotion suscitée. Dans son ordonnance transmise par le tribunal administratif, le juge du référé-liberté a souligné que la mise en scène de Brett Bailey s'inscrivait certes, "au plan formel, dans une certaine continuité avec les 'zoos humains' présentés à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle". Mais "la représentation artistique en cause a pour objet de dénoncer, sans ambigüité, l'asservissement des populations noires lors de la période coloniale", note-t-il.
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De même, poursuit le juge, l’œuvre vise également à dénoncer "des traitements contraires au principe de respect de la dignité humaine ou aux droits de l'homme dans le monde contemporain". Dans ces conditions, "la représentation artistique 'Exhibit B', alors même qu'elle peut être perçue par les spectateurs ou ses détracteurs comme suscitant, du fait des spécificités de la mise en scène et des sujets abordés, une très forte émotion, ne porte pas atteinte au respect de la dignité de la personne humaine", selon l'ordonnance.
Le principe de la liberté d'expression. Le tribunal avait été saisi en référé par le Centre Dumas-Pouchkine des diasporas et cultures africaines, l'Alliance noire citoyenne et l'association L'Amozaïk notamment. Elles demandaient la suspension de l'installation du sud-africain Brett Bailey. "L'exercice de la liberté d'expression et de la liberté de création est une condition de la démocratie et l'une des garanties du respect des autres droits et libertés", rappelle également l'ordonnance.
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Lors de l'audience, l'avocat des associations, Me Hosni Maati, avait assuré "ne pas être contre la liberté d'expression". "Mais des descendants d'un crime contre l'humanité sont heurtés qu'à nouveau on veuille les représenter dans une position d'animaux", avait-il affirmé. Pour sa part l'avocat de la ville de Paris, Me Régis Froger, avait soutenu qu'aucune "chosification" n'était mise en œuvre dans le spectacle. "On ne peut pas réserver la dénonciation des souffrances à ceux qui en ont fait l'objet. Ils n'en ont pas le monopole", avait-il ajouté.
Des précédents. L'exposition a déjà suscité des manifestations la semaine dernière devant le théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, où elle était présentée. Mais une large partie des associations anti-racistes, comme la Ligue des droits de l'Homme ou le Mrap, ont clairement pris sa défense. A Londres, l'exposition avait été annulée en septembre devant les protestations.