Mériam Rhaiem, revenue le 3 septembre de Turquie avec sa fille de 28 mois, Assia, que son père avait enlevée onze mois plus tôt pour rejoindre la Syrie, a affirmé mercredi que ce dernier était sous "l'emprise sectaire" d'un groupe djihadiste.
"C'est quelque chose qui reste impardonnable"."Il n'est inscrit dans aucune religion qu'on enlève une enfant à sa mère (...) Pour moi, le père d'Assia est sous une emprise sectaire claire et nette", a déclaré la jeune femme, originaire de l'Ain, lors d'une conférence de presse à Lyon, en dénonçant le geste de son ex-mari. "C'est quelque chose qui reste impardonnable", a-t-elle ajouté après avoir assuré qu'Assia allait "très bien" depuis son retour, mais qu'elle était "de temps en temps apeurée".
>> LIRE AUSSI - La fille d’un djihadiste présumé français rendue à sa mère
"Il m'a fait croire qu'elle était morte". Depuis le 14 octobre 2013, Mériam Rhaiem était sans nouvelles précises de sa fille qu'elle avait laissée à son ex-mari une journée avant que l'enfant ne soit emmenée en Syrie où le père était, selon elle, parti combattre aux côtés d'un groupe djihadiste. "Il m'a fait croire qu'elle était morte, qu'elle avait été victime d'un bombardement ou qu'elle avait été grièvement brûlée", a raconté Mériam Rhaiem, qui s'est rendue fin août pendant une semaine "avec son frère" en Turquie où elle a convaincu son ex-mari de la rencontrer dans un hôtel à Hatay, près de la frontière syrienne.
>> LIRE AUSSI - "J'ai peur de ne plus jamais revoir ma fille"
"La situation syrienne était devenue de plus en plus complexe et il prenait de plus en plus conscience du danger pour sa fille et pour lui-même", a-t-elle souligné. Le père a été interpellé à cette occasion par les autorités turques alors qu'il se trouvait avec sa fille. Il a été placé en rétention avec la fillette avant que celle-ci ne soit remise le 2 septembre à sa mère. Cette dernière n'a depuis "aucune nouvelle" du père d'Assia.
Une radicalisation "sur internet". Revenant sur la radicalisation de celui-ci, "tout s'est fait sur internet", a-t-elle assuré. Il passait "ses journées à regarder des vidéos (du groupe djihadiste Front Al-Nosra, ndlr), à s'isoler, à être en rupture et à ne que côtoyer que des gens qui lui ressemblent". Elle et sa fille sont arrivées dans la nuit du 2 au 3 septembre sur la base aérienne de Villacoublay, dans les Yvelines, où elles ont été accueillies par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.