CONTRE-ATTAQUE. Dominique Strauss-Kahn a de nouveau rendez-vous avec la justice mardi. De son propre fait, cette fois-ci. L'ancien directeur général du FMI attaque en effet devant la justice l'essayiste Marcela Iacub qui relate leur liaison dans un livre à paraître mercredi par les éditions Stock (groupe Lagardère, propriétaire d'Europe 1). DSK a assigné Marcela Iacub et son éditeur en référé pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et demande d'une part l'insertion d'un encart sur chacun des exemplaires de l'ouvrage. Et "à titre subsidiaire" la saisie du livre, ont annoncé ses avocats, Maître Richard Malka et Jean Veil. Un choix qui mérite explication.
Le résumé de l'affaire. Dans son roman Belle et Bête, dont le Nouvel Observateur et Libérationont publié les bonnes feuilles, Marcela Iacub décrit son personnage principal, dont elle a confirmé qu'il s'agit bien de DSK, comme un être double "mi-homme mi-cochon". Réponse de l'intéressé : dans un courrier adressé au directeur de l'hebdomadaire, Dominique Strauss-Kahn a déjà fustigé "le comportement d'une femme qui séduit pour écrire et un livre" dans ce qu'il considère comme "une atteinte méprisable à sa vie privée".
Que demande DSK ? En assignant l'auteur, DSK demande une mesure. En premier lieu, il souhaite l'insertion d'un encart sur la couverture de chacun des exemplaires de l'ouvrage d'ici leur mise à vente, sans toutefois préciser ce qu'il y sera inscrit. En second lieu, "à titre subsidiaire", il demande la saisie du livre. En clair, si la justice n'accepte pas l'ajout de ce fameux encart, DSK demande la saisie de l'ouvrage. La première requête en premier lieux est donc moins radicale que la seconde, ce qui suscite l'étonnement des magistrats et avocats spécialisés, contactés par Europe 1. D'autant que la seconde requête n'a, sur le papier, aucune chance d'aboutir.
Pourquoi une telle stratégie ? Seule explication plausible, DSK ne souhaite pas apparaître comme un censeur et n'est pas fondamentalement opposé à la sortie de l'ouvrage, à condition qu'y figure l'encart demandé. D'autre part, la saisie d'un livre est une mesure rarissime. Le dernier exemple serait celui de l'ouvrage du Dr Claude Gubler sur la santé de l'ancien président de la République François Mitterrand. Dans le cas d'un refus de cette requête, l'effet pourrait être de doper les ventes de l'ouvrage, chose que ne souhaite surtout pas DSK.
Dans tous les cas, l'ancien patron du FMI demande 100.000 euros de dommages et intérêts à son ancienne amante et sa maison d'édition ainsi que la même somme au Nouvel Observateur avec une publication judiciaire couvrant l'ensemble de sa Une.