L'INFO. Un splendide cube sombre en dentelle de béton fait aujourd'hui face à la mer, à l'entrée du Vieux-Port de Marseille, près du Fort Saint-Jean. Le MuCEM, grand musée national consacré à la Méditerranée, est inauguré mardi par François Hollande. Après quatre ans de travaux, il ouvrira ses portes au public dès vendredi. Premier projet de décentralisation de musée pensé par l'État il y a dix ans, ce nouveau phare de la culture phocéenne, et même nationale, était attendu pour de nombreuses raisons. Europe1 vous explique les enjeux de ce "lieu poreux à l'imaginaire", pour reprendre les termes de son créateur, l'architecte Rudy Ricciotti, qui ont conduit le chef de l’État à faire le déplacement.
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Un enjeu culturel. Le MuCEM sera "une grande cité culturelle", "consacrée au passé et au présent des civilisations de la Méditerranée, sans tabou", explique son président Bruno Suzzarelli. Plus ambitieux qu'un musée traditionnel, le MuCEM - dont les travaux ont coûté 191 millions d'euros (133 millions versés par l'État, 58 par les collectivités locales) - se veut "un lieu de débats, de confrontations d'idées, au riche programme artistique (cinéma, théâtre, musique etc.), et un lieu de vie pour les Marseillais". En plus de nombreuses expositions et évènements culturels, on y trouvera une librairie, un restaurant panoramique et l'on pourra s'y promener sur plusieurs passerelles suspendues.
Un enjeu économique. Les organisateurs attendent environ 300.000 visiteurs par an. Soit un formidable accélérateur pour l'activité touristique. "On sait également qu'on va quasiment doubler notre chiffre de pourcentage de touristes qui vont rester à Marseille, parce qu'il y aura le musée, puis le shopping aux terrasses du port, les magasins qui vont ouvrir le dimanche. Marseille va devenir un aspirateur à croisiéristes beaucoup plus important qu'aujourd'hui", s'enthousiasme Jacques Pfister, président de la CCI Marseille Provence.
Un enjeu symbolique. Les enjeux culturels et économiques valent le déplacement de François Hollande. Mais il n'y a pas que ça. Le chef de l'Etat aura à cœur de faire oublier l'image de la deuxième ville de France, noircie par une longue liste de faits divers qui s'allonge d'année en année malgré les promesses politiques. Et pour l'heure, le pari semble jouable. "Quand on est là on ne pense pas aux kalachnikovs, au sang qui a coulé, on pense avant tout à la beauté du lieu", avoue un touriste interrogé par Europe1 devant le musée. "C'est magnifique. Ça va faire du bien à Marseille, car aujourd'hui les gens se retranchent sur la culture", renchérit une autre.
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Un regret, toutefois, émerge des commentaires des touristes et des Marseillais : le musée ouvre en juin, soit cinq mois après le début de cette année 2013, où Marseille a endossé les habits de capitale européenne de la culture.