Pourquoi la nouvelle carte des ZEP inquiète

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Virginie Salmen avec Mélanie Taravant et , modifié à
Une résistance s'organise contre une possible sortie du dispositif de plusieurs établissements à la prochaine rentrée.

On connaitra la nouvelle carte de France de l’Education prioritaire dans quelques jours, mais la grogne est déjà là. Plusieurs dizaines d’écoles sont bloquées dans toute la France. Le mouvement est particulièrement suivi à Paris, Dijon, Dieppe, Marseille, Toulouse et Mâcon. Enseignants, parents d'élèves et élus se mobilisent pour ne pas perdre le statut de ZEP (zone d'éducation prioritaire). Ce statut, créé il y a près de 30 ans, va en effet être rebaptisé "REP", pour Réseau d'éducation prioritaire. Et les critères d'attribution de ce statut vont donc évoluer.

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"Ces situations poussent à la ghettoïsation". Anne-Sylvie est maman d'un petit garçon scolarisé à la maternelle André Del Sarte, dans le 18e arrondissement de Paris, où les parents occupent ponctuellement l'école depuis 15 jours. Ils protestent contre une sortie de ZEP qui ferait perdre beaucoup à l'école et aux enfants. "Concrètement, on lâche les personnes les plus défavorisées. Les choses vont changer surtout pour eux. On passe de 25 élèves par classe à 30 élèves par classe. On n'est plus subventionné pour aller au cinéma. On n'est plus subventionné pour faire des sorties scolaires, alors qu'il y a beaucoup d'élèves pour qui c'est l'occasion unique de voir la mer pour la première fois dans leur vie. Ce sont des activités qui, jusqu'ici sont en accès gratuit, du fait de statut 'zone prioritaire'. Ça, demain, c'est fini", déplore la mère de famille au micro d'Europe 1.

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Anne-Sylvie craint donc une "fuite des parents" les plus aisés, engendrant ainsi une ghettoïsation des classes les plus défavorisées au sein de l'établissement. "Nous avons 1/3 des élèves qui sont dans de grandes difficultés sociales. C'est une chance pour eux d'être dans une école qui a des moyens et une vraie mixité. Il va y avoir une partie des familles les plus riches qui vont se dire que cette école c'est devenu n'importe quoi. On va aller ailleurs. Ces situations poussent à la ghettoïsation alors que nous étions un exemple de mixité", regrette-t-elle.

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Les aides réservées aux établissements les plus défavorisés. Pourtant, dans sa nouvelle carte des zones d'éducation prioritaire, le gouvernement prévoit d'avantage de moyens et autant d'établissements. Chaque académie devra toutefois revoir sa carte de l’éducation prioritaire, avec des critères transparents, tels que la catégorie socioprofessionnelle des parents, la part de boursiers et élèves ayant un an de retard, rapporte Libération. Entre 5 et 10% des établissements ZEP pourraient ainsi perdre leur label, notamment dans des quartiers qui se sont embourgeoisés.

Dans le cas précis de cette mère de famille, il s'agit bien d'un établissement défavorisé, mais pas suffisamment au regard des nouveaux critères d'attribution du statut de "réseau d'éducation prioritaire". C'est en effet entre plus "pauvres" que seront reparties les aides. Sur ce point, le ministère est pragmatique : tant pis pour ceux qui sont "un peu mal lotis", les aides seront réservées aux plus défavorisés. Même si pour ceux qui sont juste au dessus du seuil, la situation sera délicate, parce qu'ils perdront des moyens, notamment pour embaucher des professeurs supplémentaires.

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La fin du statut, mais d'autres moyens promis. Dans les cas les plus flagrants d'injustice, des moyens supplémentaires vont être accordés, mais sans le label "REP". Pour l'heure, difficile de savoir quels seront les moyens proposés à ces écoles qui sont "entre deux". Une incertitude qui cristallise les tensions du corps enseignant et des parents d'élèves. Les tensions risquent d'être particulièrement vives en Seine-Saint-Denis, notamment à Bobigny, Montreuil et Romainville. Les parents d'élèves ne comprennent pas qu'on puisse retirer des ZEP dans ce département.