La vache qui rit va faire la moue. Vingt à trente producteurs laitiers ont écumé mercredi les grandes surfaces de l'agglomération de Rodez pour apposer, sur des produits vedettes, des autocollants estampillés : "Boycottez ce produit fabriqué par une entreprise qui ne paie pas les producteurs de lait".
Outre La vache qui rit, produite par Bel, le Caprice des Dieux, produit par Bongrain, et le Camembert Président, par Lactalis, sont également visés par le mouvement. Ces trois groupes sont accusés par les producteurs de lait de manquer à un accord de juin 2009 et de ne consentir à revoir le prix d'achat du lait que quand les cours baissent, pas quand ils remontent comme c'est le cas actuellement. Les producteurs de lait ont donné jusqu'au 12 août aux industriels fabricants de laitages pour qu'ils reviennent à la table des négociations sur les prix du lait.
Bons et mauvais points
Depuis quelques jours, les producteurs se mobilisent pour obtenir que les transformateurs revalorisent le prix du lait. Les producteurs de la FDSEA dans l'Aveyron ont ainsi été précédés dans leur appel au boycottage par ceux de Rhône-Alpes.
Mercredi dans l'Aveyron, les producteurs ont "distribué les bons points et les mauvais", a déclaré Claude Falip, secrétaire de la section laitière de la FDSEA. S'ils ont désigné La vache qui rit, le Caprice des Dieux et le Camembert Président au boycottage, ils ont aussi distingué les yaourts de Danone d'un autocollant : "Equitable : cette entreprise paie les producteurs de lait au prix équitable".
"Ça ne fait pas de gros salaires"
Les producteurs ont également mis en place un autre marquage, notamment pour les yaourts de Yoplait, accusé de tarder à se prononcer. Ils ont attribué à la marque un autocollant estampillé : "Ultimatum : les agriculteurs demandent à cette marque de payer le lait au prix équitable". Lors de leur opération, les producteurs ont reçu des marques de soutien des consommateurs, mais aussi de la grande distribution, a assuré Claude Falip.
L'Aveyron est d'autant plus affecté que la production animale (production de lait mais aussi de viande) y représente 71% du chiffre d'affaires agricole d'un département dépendant fortement de l'agriculture et de l'agroalimentaire, selon des données fournies par la FDSEA. Les 1.534 producteurs de lait de vache répertoriés dans le département souffrent aussi particulièrement parce que la moyenne de production de lait par exploitation est nettement inférieure à la moyenne nationale et que "ça ne fait pas de gros salaires", a expliqué Claude Falip. Les producteurs donnent huit jours aux industriels pour négocier avec eux les prix.
REAGISSEZ - Allez-vous boycotter les produits indiqués par les producteurs mécontents ?