La juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez a été convoquée mardi après-midi par la justice, d'après les informations d'Europe 1. Elle est arrivée à 15h50 au tribunal de grande instance (TGI) de Bordeaux où elle a été entendue comme témoin dans le cadre de l'affaire Bettencourt, après ses propos sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. La magistrate a quitté le tribunal vers 18 heures, après deux heures d'audition. Vêtue d'un ensemble noir et d'un foulard bleu ciel, Isabelle Prévost-Desprez est sortie calmement par une porte de côté du TGI, affirmant à des journalistes présents être "parfaitement sereine", mais se refusant à tout autre commentaire.
L'audition de la magistrate, avait été prévue dans un premier temps mercredi dernier, avant d'être annulée. De source judiciaire, cette annulation n'avait pas d'autre motif que l'effervescence médiatique suscitée par la révélation de l'audition de la magistrate, alors que l'instruction menée par le juge Jean-Michel Gentil dans l'affaire Bettencourt se déroule depuis décembre dans la plus grande discrétion.
De nouvelles révélations ?
La présidente de la 15e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, un temps saisie d'un volet de l'enquête Bettencourt, est menacée de sanctions disciplinaires après avoir fait état dans le livre Sarko m'a tuer de deux témoins ayant dit avoir vu Nicolas Sarkozy recevoir des espèces chez Liliane Bettencourt pour financer sa campagne présidentielle. Dans ce livre écrit par deux journalistes du Monde, Isabelle Prévost-Desprez affirme en effet que l'ex-infirmière de Liliane Bettencourt avait fait des confidences à sa greffière après son audition en disant : "J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy mais je ne pouvais le dire sur procès-verbal". Des propos démentis depuis par les protagonistes. Isabelle Prévost-Desprez n'a pas encore révélé l'identité du second témoin.
De son côté, le juge Jean-Michel Gentil a déjà entendu mercredi dernier l'ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout, témoin clef du dossier dans le cadre des volets de trafic d'influence et de financement illicite de parti politique. Cette dernière a confirmé ses déclarations sur des remises d'argent de l'héritière de L'Oréal à des hommes politiques avant la présidentielle de 2007.
Menacée de sanctions disciplinaires
Du fait de ses déclarations sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, Isabelle Prévost-Desprez pourrait par ailleurs se voir reprocher un manquement au devoir de réserve des magistrats, voire une violation du secret professionnel, s'exposant à des sanctions allant de l'avertissement à la radiation. En revanche, la magistrate a décidé, à la demande de sa hiérarchie, de se retirer provisoirement du dossier sensible du Mediator, visant notamment les laboratoires Servier, au vu de l'agitation provoquée par ses propos.