Ils sont derrières les barreaux, mais ils s'inquiètent de leurs conditions de détention voire préparent leur sortie. A l’occasion de notre matinale spéciale, Europe 1 est allé à la rencontre de trois détenus. Ils interpellent Christiane Taubira, la ministre de la Justice. Karim et Pierre réclament l'accès à Internet pour les prisonniers. Tandis que Pascal s'inquiète de la surpopulation carcérale.
Quel lien avec l'extérieur ? Karim prépare un DAEU, un diplôme d'accès aux études universitaires. "Pour compléter les informations que je pourrais avoir pour préparer ce diplôme, internet serait souhaitable. Dans l'immédiat mais aussi à l'avenir, pour préparer la réinsertion", assure ce détenu. "C'est un outil indispensable, il faut vivre avec son époque. Pensez-vous le mettre en place un jour ?", plaide Karim. Pierre lui aussi souhaite avoir accès à Internet "pour faire des recherches d'emploi, en vue d'une sortie, mais aussi pour des recherches de logement".
En 2012, le contrôleur général des prisons avait plaidé pour ce lien avec l'extérieur. "Je ne plaide pas pour des prisons 3 étoiles, je plaide pour la bonne réinsertion des détenus à la sortie. Avec Internet, il y a les possibilités de chercher un logement ou un travail. Il y a les possibilités de converser avec sa famille", avait-il défendu sur Europe 1.
>> Invitée de Jean-Pierre Elkabbach, Christiane Taubira a estimé que la sortie de prison "se prépare dès le premier jour". "Les personnes qui entrent en détention vont sortir un jour, revenir dans la société. donc il faut préparer leur insertion. Il faut faire en sorte que la prison soit un temps utile lorsqu'elle a été décidée par le juge", a plaidé la Garde des Sceaux. "Il est indispensable d'apporter à l'intérieur des établissements les activités, les possibilités de travail, les possibilités d'étude", a ajouté la ministre.
Comment gérer la surpopulation ? La question de la surpopulation carcérale préoccupe aussi les détenus. Peu après son arrivée au ministère de la Justice, Christiane Taubira avait ouvert le chantier du désengorgement des prisons. Le développement des peines alternatives était notamment privilégié. Une promesse que n'a pas oubliée Pascal. "Vous avez dit que vous désengorgeriez les prisons, en laissant sortir les petites peines, avec des bracelets, en conditionnelle. Mais rien n'est fait. Alors que ferez-vous pour désengorger les prisons, pour qu'on puisse sortir et refaire notre vie ?", interpelle-t-il mardi matin sur Europe 1.
>> "Il ne peut pas dire que rien n'est fait, parce que l'aménagement des peines est prévu par la loi pénitentiaire. J'ai diffusé une circulaire le 19 septembre 2012 pour demander qu'une attention particulière soit apportée à l'aménagement des peines. Ce sont des mesures qui sont décidées par les juges d'application des peines", a répondu Christiane Taubira sur Europe 1. "Le non aménagement des peines est très dangereux car les courtes peines en prison sont désocialisantes. Les conseillers d'insertion et de probation n'ont pas le temps d'accompagner les personnes qui passent moins de six mois en prison", a expliqué la ministre de la Justice.