Il attendait cette greffe de rein depuis des mois. Gilbert Moncuit, un retraité de 75 ans, appelé lundi soir pour recevoir un greffon au CHU de Caen, a été renvoyé chez lui mardi sans avoir été opéré. Raison invoquée ? Le manque de place au bloc opératoire, en raison d'un grand nombre d'urgences graves a expliqué mercredi la direction du CHU lors d'une conférence de presse.
"Physiquement, je ne vais pas moins bien que dimanche, mais psychologiquement ça m'a atteint. Le professeur Hurault de Ligny –le coordinateur régional des greffes - était scandalisé", raconte Gilbert Moncuit depuis son domicile de Saint-Sauveur-la-Pommeraye, à une heure de Caen.
Dialysé deux fois par semaine depuis sept mois, le septuagénaire espérait voir son cauchemard s’achever lundi soir, en recevant le coup de fil tant attendu vers 21 heures. Mais son espoir a été de courte durée.
Hospitalisé mardi à 7h45, Gilbert Moncuit a été prévenu à 9h30 que la greffe n'aurait pas lieu, précise le CHU. Le greffon a été renvoyé et probablement transplanté sur un autre patient ailleurs en France.
"Je le referai"
"Si, un jour, j'ai à nouveau ce choix à faire entre un polytraumatisé qui mourra (si on ne l'opère pas) et un patient (candidat à la greffe) qui ne mourra pas, je le referai", s’est justifié le responsable chirurgical de l'opération, le professeur Henri Bensadoun.
"Le greffon dont a besoin M. Moncuit ne fait pas partie des plus rares et sa greffe devrait pouvoir avoir lieu "dans les semaines qui viennent, dans le courant de l'été au maximum", a précisé le médecin.
Différer à 22h00, la greffe programmée à 14h00 aurait diminué ses chances de succès car la qualité du greffon baisse avec le temps qui passe, a expliqué le médecin. Or, "à cet âge, la greffe doit marcher du premier coup", a-t-il conclu.