Le procès Chirac est entré dans sa dernière semaine au tribunal correctionnel de Paris. Toujours en l'absence du dernier prévenu, les débats se sont poursuivis lundi avec la plaidoirie des parties civiles et notamment celle des avocats de l'association Anticor, partie civile la plus active du procès. Le reste de la semaine sera consacré au réquisitoire, et aux plaidoiries de la défense.
17h23. "L'audience de ce jour est levée".
17h21. Le président Dominique Pauthe lit les réclamations d'autres parties civiles. A noter qu'un homme est évacué la salle après avoir soulevé des questions prioritaires de constitutionnalité qualifiées de "pas sérieuses" par l'accusation et par Me Veil, et après avoir réclamé la requalification des accusations en crime. Dominique Pauthe est visiblement agacé.
17h02. Parole à l'association Défense des citoyens. Me Bouzerand souligne la particularité du procès, "dans lequel on sait que le parquet ne soutiendra pas l'accusation". L'avocat réclame donc des peines exemplaires. "Par les fonctions qu'ils ont exercé, les prévues étaient en situation de prétendre à une sorte d'exemplarité. Or, les faits qui leur sont reprochés les éloignent terriblement de ce souci d'exemplarité", a déclaré Me Bouzerand. "Compte tenu de la gravité des faits, vous ne pouvez pas ne pas décider de peines de prison, même si elles seront assorties du sursis." Lé réponse du président est cinglante : "vous n'êtes pas ici pour prendre des réquisitions. Que je n'ai pas à le répéter." L'avocat reprend : "Cette affaire imposeur vous fasisez en sorte que les prévenus aient une conséquence financière à leurs actes. Quant à l'association que je représente, elle réclamera un euro symbolique
16h58. L'audience reprend.
16h42. L'audience est suspendue. Après la longue démonstration de Me Karsenti - "j'ai dépassé de 2 ou 3 minutes", a-t-il lancé, déclenchant des rires- , au cours de laquelle le président Dominique Pauthe a montré des signes d'impatience, l'audience est suspendue.
16h41. L'avocat d'Anticor a réclamé la somme de 47.946,07 euros au titre de dommages et intérêts et 50.000 euros de frais de justice.
16h33. "Le cas de François Debré est le plus touchant, mais le plus détestable." Me Karsenti continue sa plaidoirie par l'évocation du cas de François Debré. "C'est peut-être le plus touchant, le plus personnel, mais aussi le plus détestable", a déclaré l'avocat d'Anticor au sujet du frère de Jean-Louis Debré. "M. Debré a donné plusieurs versions de sa mission près de la mairie de Paris. Je ne reviendrai pas sur la situation personnelle de François Debré. Il a été souvent malade, mais toujours payé."
16h16. le cas Blondel à l'étude. Me Karsenti poursuit son étude des contrats par celui du chauffeur-garde du corps de Marc Blondel, alors secrétaire général de Force ouvrière. "C'était un agent de sécurité, que M. Blondel aimait bien et dont il avait demandé, devant une tête de veau, nous a-t-il dit, à Jacques Chirac qu'il lui accorde. M. Chirac lui a tapé dans la main et dit : 'bien sûr, vous l'aurez". Aux enquêteurs, M. Chirac a dit que c'était une pratique légitime et courante avec les syndicats", a détaillé l'avocat d'Anticor sous le regard aiguisé de l'ancien syndicaliste. "Mais il s'agit bien d'un accord personnel à des fins personnels. C'est une décision prise dans un restaurant par une maire autoritaire, au-dessus des lois."
16h02. Me Karsenti s'intéresse au cas de Martine Garnier, embauchée en août 1994. "En quatre mois, elle a écrit deux rapports de 35 pages au total, deux volumineux rapports", a ironisé l'avocat d'Anticor. "Nos conclusions font 127 pages, et on n'a pas de secrétaire". Le conseil a rappelé que l'ex-collaboratrice de François Musso n'avait arrêté son travail qu'en 1996, plusieurs mois après s'être plainte de n'avoir pas assez de travail. "Elle a donc été payée 18 mois pour deux rapports de 35 pages au total."
15h47. La plaidoirie d'Anticor continue. Me Karsenti s'est ensuite intéressé au Centre national des indépendants (CNI), petit parti politique proche du RPR, qui avait bénéficié de personnels payés par la mairie de Paris et apporté son soutien à Jacques CHirac en 1995. Puis l'avocat d'Anticor s'es intéressé au cas de Jean de Gaulle, petit-fils du général de Gaulle, qui a assuré avoir été conseiller officieux de Jacques Chirac aux affaires africaines alors qu'il était député de Paris, et avait bénéficié d'au moins deux chargés de mission de la mairie de Paris.
15h36. Anticor revient sur les contrats. Pour étayer son propos, Me Karsenti revient sur l'ensemble des contrats en mettant l'accent sur ce qu'ils avaient de fictif pour la mairie de Paris. Me Karsenti commence par la cellule corrézienne, s'étonnant qu'une telle cellule existe à la mairie de Paris. L'avocat revient ensuite sur la cellule Jean-Pierre Denis, qui n'avait pour seul but de travailler pour l'association Réussir l'an 2000, fondée et présidée par Jacques Chirac. "Aucun contrat n'a perduré après l'élection de Jacques Chirac en 1995. Difficile d'y voir une coïncidence"
15h16. Anticor identifie trois types de préjudice. L'association anti-corruption poursuit par la voix de son avocat sa démonstration. "De fait de notre raison sociale, Anticor subit un préjudice personnel chaque fois que ces infractions ne sont pas sanctionnées", a déclaré Me Karsenti. "Ces préjudices sont de trois types : L'atteinte aux deniers publics, l'intérêt personnel et le faussement du jeu démocratique.
15h04. "De la corruption politique". Me Karsenti, l'autre conseil d'Anticor, a pris la parole à son tour. Il débute sa plaidoirie en justifiant la présence de l'association anti-corrutpion sur le banc des parties civiles. "L'emploi fictif entre pleinement dans le périmètre de la corruption", a-t-il estimé. L'avocat a alors tenté de contrer les arguments à venir de la défense, notamment sur l'utilité des contrats signée. "A la limite, on s'étonne que Jacques Chirac n'ait pas eu de conseiller aux exo-planètes ou aux escargots."
14h49. "Chirac au sommet d'un système particulier". "Le cabinet du maire de Paris était un organe politique, qui accomplissait des fonctions politiques en signant les contrats de chargés de mission. Le cabinet avait des fonctions réservées, qui échappent à tout contrôle", a lancé Jeremy Afane-Jacquart, avocat d'Anticor. "Jacques Chirac était au sommet d'un système bien particulier sur lequel aucun contrôle ne pouvait s'exercer." Et le conseil d'appuyer son argumentaire par l'existence de "camouflages". "il y a d'abord le camouflage des affections réelles. (…) Mais aussi la notation, l'absence de note de saisine. Enfin, Jacques Chirac a fait faire lui-même les statuts de l'Inspection générale pour empêcher tout contrôle."
14h35. "La mairie de Paris n'était pas une pétaudière". Me Afane-Jacquart réfute l'un des arguments de la défense selon lequel Jacques Chirac ignorait tout des emplois fictifs en raison de la désorganisation de la Ville. "La mairie de Paris ne relevait pas d'un système qui partait à vau-l'eau. elle n'était pas un capharnaüm, une pétaudière. Elle était mal gérée, mais il y avait une vision très coordonnée du maire de Paris Jacques Chirac, aidé de ses directeurs de cabinet." Le terme "pétaudière" avait été utilisé par Me Veil, défenseur de Jacques Chirac, lors d'une précédente audition.
14h21. "Chirac, pas un justiciable comme les autres". Me Afane-Jacquart, conseil d'Anticor, tente d'emmener le procès sur le terrain du symbole. "Contrairement à ce que déclarent ses défenseurs, M. Chirac n'est pas un justiciable comme les autres", a déclaré l'avocat. "Cette nécessité de voir M.Chirac jugé est absolument fondamental dans l'esprit de notre contrat social. Car dès lors qu'une personne cumule plusieurs qualités, notamment des fonctions politiques, les contrôles sont de moins en moins efficaces, et la justice a de plus en plus de mal à passer, voire est paralysée."
13h57. "Je ne sais plus ce que je faisais". Martine Garnier a assuré au tribunal ne plus se souvenir de ses conditions de travail. "Je suis incapable de vous dire ce que je faisais. Sincèrement, je ne sais plus", a-telle déclaré. La séance est brièvement suspendue après ce témoignage.
13h45. Martine Garnier entendue. Elle sera le dernier témoin du procès Chirac. Martine Bresse, née Garnier, 58 ans, a travaillé au service de François Musso, l'un des prévenus, d'août 1994 à mai 1995. A la barre, elle raconte comment elle a été embauchée par la mairie de Paris. "J'ai trouvé ce travail par le biais d'une amie, qui m'a présenté M. Musso. Je suis allée le voir, il m'a proposé de travailler avec lui en tant qu'assistante", a-t-elle raconté. Mais le travail ne lui plaît pas. "Je voulais quelque chose de plus pressent rythmant, tonique. Bien sûr, je travaillais. Mais pas assez à mon goût par rapport au privé. J'avais l'impression à la fin de servir de potiche. Je ne travaillais pas, je n'étais pas occupée comme je le souhaitais."
13h32. L'audience est ouverte.