C'était pourtant l'une des auditions les plus attendues du procès Chirac. Alain Juppé devait être entendu jeudi par le tribunal correctionnel de Paris. Une audition qui n'a pas eu lieu car le ministre des Affaires étrangères accompagnait Nicolas Sarkozy dans son voyage en Libye.
Le tribunal correctionnel de Paris a même décidé de renoncer complètement à l'audition comme témoin d'Alain Juppé. Les juges, qui ont déjà accepté de juger Jacques Chirac en son absence en acceptant une excuse médicale, ont pris acte de la défection du témoin. Le président du tribunal Dominique Pauthe a annoncé la décision à l'audience, malgré les protestations des avocats de la partie civile Anticor, association anti-corruption.
Une "injure" pour l'association Anticor
Anticor, qui avait fait citer comme témoin Alain Juppé, a vu dans son absence "la manifestation d'une lâcheté". Me Karsenti s'est dit "profondément scandalisé" et "choqué" par l'absence d'Alain Juppé. "Il s'agit d'une injure, je pèse mes mots. C'est une manœuvre qui est la manifestation d'une lâcheté vient à éviter la confrontation avec Anticor".
Cité par l'association anti-corruption Anticor, partie civile, l'ancien Premier ministre avait fait savoir au tribunal, dans un courrier du 21 juillet, qu'il avait "déjà été entendu comme témoin dans cette procédure" et avait donc "l'intention de ne pas répondre favorablement à cette citation". Le tribunal avait néanmoins demandé, et obtenu, du conseil des ministres l'autorisation de l'entendre. Une nouvelle date pourrait par ailleurs être fixée.
Dans ce dossier Alain Juppé est un témoin de tout premier plan. Il avait été condamné en 2004 dans le cadre d'un des deux volets de l'affaire, instruit à Nanterre et portant sur sept emplois confiés en 1990-1994 à des permanents du RPR, rémunérés par la mairie de Paris alors qu'ils ne travaillaient, selon l'accusation, que pour le parti. Il avait été condamné en appel à 14 mois de prison avec sursis et une année d'inéligibilité, en qualité d'ancien adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris, chargé des finances de la ville, et de secrétaire général du RPR.
Une ambiance presque feutrée
Mercredi le tribunal a fait relâche, après les auditions mardi de plusieurs prévenus de renom, tels que Jean de Gaulle, Michel Roussin, Marc Blondel ou François Debré. Après l'effervescence du premier jour, due aux questions sur l'état de santé de l'ex-chef de l'Etat, le procès se déroule désormais dans une ambiance presque feutrée.