Les anciens directeurs de cabinet de Jacques Chirac sont-ils sur le banc des prévenus à la place d'autres ? C'est la thèse que leurs avocats ont longuement développée jeudi devant les juges de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Me Jean-Yves Le Borgne, pour Rémy Chardon, puis Me Jacqueline Laffont et Me Pierre Haïk, pour Michel Roussin, ont assuré que leurs clients, jugés pour complicité dans l'affaire des emplois présumés fictifs, étaient des prévenus "par défaut".
"Pourquoi les directeurs de cabinet ? Parce qu'on a personne d'autre !"
Me Le Borgne a d'abord assuré que "ces hommes sont dans une fonction de remplacement". Il a rappelé que lors du changement de majorité à la mairie de Paris de nombreux documents avaient disparu des dossiers, dont des fiches de demande de recrutement de chargés de mission. "Si on avait su qui était le demandeur de l'emploi, serait-on allé voir le directeur de cabinet qui a signé mécaniquement ou celui qui a vraiment demandé un collaborateur ? Pourquoi aller voir les directeurs de cabinet ? Parce qu'on a personne d'autre !", a-t-il lancé de sa voix de stentor. "Ils sont là par défaut. Ils sont là pour assumer des responsabilités sur lesquelles on n'a pas pu mettre de nom", a ajouté le bâtonnier de Paris.
Même son de cloche du côté de la défense de Michel Roussin, "un homme usé par un long parcours judiciaire" mais "un homme debout", a dit Me Laffont. "C'est vrai qu'on a le sentiment d'être là par défaut", a dit l'avocate, appuyant les propos de son confrère. "On a mis en avant Michel Roussin pour en protéger d'autres", a ensuite dénoncé Me Haïk.
"On patauge, Monsieur le Président"
Les avocats ont encore souligné la différence d'appréciation des dossiers dans le volet de Nanterre et le volet de Paris de cette affaire. Rémy Chardon et Michel Roussin ont bénéficié de non-lieu dans le premier. "Il serait étrange que les mêmes causes produisent un effet inverse. Cela n'a pas de sens", a clamé Me Le Borgne. "Il n'y a plus qu'une seule procédure, le dossier de Nanterre et le dossier de Paris ont été réunis. Mais comment peut-on accepter deux décisions diamétralement opposées dans une même procédure ?", a de son côté demandé Me Haïk. "On patauge, Monsieur le Président", a-t-il ensuite lancé.
Après les dernières plaidoiries de la défense vendredi, celle des avocats de Jacques Chirac, le président du tribunal, Dominique Pauthe, aura donc la tache de sortir de cette pataugeoire.