Un acte "capital" et "primordial" pour "établir la vérité". C’est par ces mots que la défense d’Yvan Colonna a qualifié la reconstitution de l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac à Ajaccio en 1998. Une reconstitution réclamée "à cor et à cri depuis l’instruction. Le scénario qu’on vous demande de valider n’est pas possible", a plaidé Me Garbarini, l’un des avocats d’Yvan Colonna.
"Je n'ai pas d'opposition de principe" à une reconstitution. Mais je veux savoir qui accepte d'y participer et dans quelles conditions", a pour sa part commenté l’avocate générale, Annie Grenier. Les rapports et auditions d’expert n’ayant pas permis d’établir formellement le profil du tireur, une reconstitution représente, pour la défense, l’occasion de prouver qu’Yvan Colonna est innocent.
Un témoin-clé, présent sur les lieux le soir du crime a d’ailleurs réaffirmé ce qu’il a toujours dit : Colonna n’est pas le tueur du préfet Erignac. "J'ai toujours été formelle sur le fait que ce n'est pas Yvan Colonna que j'ai vu ce soir-là", a déclaré Marie-Ange Contart. "La chose dont je suis sûre, c'est le tireur", a-t-elle dit. "Son regard, je m'en souviendrai toute ma vie", a-t-elle poursuivi.
"La reconstitution est inutile"
Devant les policiers, elle avait fait une description très précise du tireur : environ 1,70 m, les cheveux "blonds cendrés" qui lui semblaient "naturels et non une perruque", "une barbe blonde de plusieurs jours", des "petits yeux enfoncés avec de grosses poches au-dessous", une "bouche fine et étirée", des "sourcils proches des yeux", un "menton pointu". Un profil qui ne correspond pas à celui d'Yvan Colonna.
Après avoir seulement effectué un transport sur les lieux en première instance en 2007, la cour pourrait cette fois accepter la demande de la défense qui pourrait selon elle disculper le berger corse. Yvan Colonna, déjà condamné deux fois à perpétuité, dont une invalidée par la cour de cassation, a toujours clamé son innocence, malgré des témoignages à charge de certains autres accusés.
Dominique Erignac, veuve du préfet assassiné et ses enfants en ont "assez" de voir cette plaie sans cesse se rouvrir et espèrent voir Colonna enfin condamné. La sortie de leur avocat, Me Yves Baudelot – "La reconstitution est inutile. Mais si vous pensez qu'un transport sur les lieux peut effacer définitivement l'idée qu'Yvan Colonna serait l'objet d'un procès inéquitable, il faut y aller. Je crains qu'on constate seulement que la Corse est une île et que la mer est bleue" – plaide en ce sens.