L'actu. "Une fille que vous payez et accepte de faire l'amour, elle était consentante ou y a-t-il eu viol ?" La question choquante est posée par Patrick Salameh, au premier jour de son procès pour "enlèvement, viol et séquestration suivis de mort" de trois prostituées et pour avoir "enlevé, détenu, séquestré" et "violenté" une quatrième femme, Soumia, qu'il avait ensuite relâchée. L'homme de 56 ans, jugé depuis lundi par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, a nié avoir tué les trois femmes. "Je conteste la moitié des accusations qui sont toutes fausses", a déclaré Salameh lors de l'audience, admettant cependant avoir "amené des filles" et "couché avec elles".
La survivante s'effondre. Dès le début de l'audience, Patrick Salameh s'est montré nerveux. Il débarque dans le box des accusés en gesticulant, vociférant, agressif : "J'ai une déclaration à faire !" Soumia, l'une de ses victimes, à qui il a laissé la vie sauve, ne lui en laisse pas le temps. La jeune femme s'effondre. Impossible pour elle de croiser le regard de celui qui l'a torturée en 2008.
"Un instinct de survie extraordinaire". Alors âgée de 24 ans, Soumia assure que Patrick Salameh l'a séquestrée, violée et frappée, avant de la relâcher. C'est d'ailleurs son témoignage qui a permis l'arrestation de l'ex chef de chantier. "Durant des heures, [Soumia] a eu la conviction qu'elle allait mourir et qu'elle ne sortirait pas de là. Elle a eu un courage et un instinct de survie absolument extraordinaires, en se soumettant justement à tous les désirs et les demandes [de Salameh]", assure l'avocate de la jeune femme au micro d'Europe 1.
"Vous dites n'importe quoi". Dans son jogging, Salameh ne se démonte pas. Il reconnait les relations tarifées avec les prostituées disparues. Mais le reste, selon lui, n'est que "mensonges". "Vous êtes un menteur. Vous êtes malhonnête, vous ne connaissez pas le dossier, vous dites n'importe quoi", lance-t-il au président de la cour d'assises. "Tout le monde ment, vous mentez tous", ajoute-t-il, visant magistrats et policiers qui selon lui ont monté des fausses preuves. "C'est la police judiciaire qui a mis des preuves dans mon sac", affirme Patrick Salameh.
"Cet homme est une bombe". La soeur de l'une des victimes ressort stupéfaite du tribunal. "C'est un repris de justice, il est très connu sur la place de Marseille. Il fait très peur. Il y a des témoins, des éléments, des preuves. Pour nous, cet homme est une bombe. Il est très dangereux", s'inquiète-t-elle sur Europe 1.
Après avoir reçu pendant des mois des courriers de Patrick Salameh leur expliquant son innocence, les familles des victimes continuent d'attendre des aveux de l'accusé.
LE PROCÈS - Jugé pour le meurtre de trois prostituées