Un de plus. L'Agence des produits de santé a annoncé jeudi l'existence d'un nouveau cas de cancer détecté chez une patiente porteuse des prothèses frauduleuses PIP depuis plusieurs années. Cette victime n'a pas succombé mais cette nouvelle renforce l'inquiétude car deux autres cas se sont, eux, révélés mortels.
"Ces informations nouvelles justifient un renforcement des recommandations adressées par l’Afssaps aux femmes et aux professionnels" concernant ces prothèses retirées du marché en mars 2010 à la suite de la découverte d'une fraude sur la qualité du gel de silicone utilisé pour leur fabrication.
Deux autres cas mortels
Les patientes "doivent bénéficier systématiquement d'un examen clinique et des examens radiologiques appropriés", rappelle l'Afssaps . "Toute rupture, suspicion de rupture ou de suintement d'une prothèse doit conduire à son explantation, ainsi qu'à celle de la seconde prothèse", ajoute-t-elle. De surcroît, le retrait préventif de cette prothèse "même sans signe clinique de détérioration de l'implant" doit être discuté avec les femmes concernées.
Le premier cas signalé était celui d'Edwige Ligonèche, atteinte d'une forme rare de tumeur (lymphome anaplasique à grandes cellules). Elle a succombé le 23 novembre dernier à Marseille. Une autre malade était décédée en 2010 dans le Gers. Une information judiciaire contre X a d'ailleurs été ouverte à Marseille notamment pour "homicide involontaire" après l'enregistrement de la plainte de la mère de la victime, a annoncé jeudi le procureur de Marseille. Cette décision n'est pas liée au cas d'Edwige Ligonèche dont la plainte "n'a pas été formellement reçue", a néanmoins précisé Jacques Dallest.
Prudence, et principe de précaution
Ces cas constituent-ils de simples coïncidences ou existent-ils un véritable lien de cause à effet entre les pathologies détectées et les prothèses ? L'Afssaps se veut pour l'instant prudente et rappelle que le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Chaque année, 50.000 femmes en sont victimes et les deux tiers d'entre eux surviennent après 50 ans.
"Les cancers du sein peuvent apparaître chez toutes les femmes porteuses de prothèses. Compte tenu des anomalies des prothèses PIP, une attention toute particulière doit être portée aux femmes porteuses de ces implants", souligne l'Afssaps.
Un numéro vert à disposition
Un message relayé par la Société française de chirurgie esthétique plastique reconstructrice et esthétique. Elle a ainsi averti de la possibilité de "coïncidences" pouvant "survenir chez les 30.000 patientes ayant eu des prothèses PIP en France : "une sur 10 développera un cancer du sein (comme le reste de la population), d’autres auront des maladies cardiovasculaires ou des accidents de la circulation", précise-t-elle.
A la demande du gouvernement, un comité de suivi réunissant l'ensemble des parties prenantes sera malgré tout prochainement mis en place. Par ailleurs, des "recommandations spécifiques" pour les professionnels seront mises à disposition.
>> Pour répondre aux interrogations, un numéro vert - 0800 636 636.