La question est en passe de devenir la polémique de cette rentrée scolaire. A six jours de la reprise des cours, les pétitions demandant le retrait de deux manuels de biologie de classe de première s’entassent sur le bureau de ministre de l’Education nationale. 35.000 signataires ont déjà paraphé la pétition pour "l’école de la République" et 80 députés de la Droite populaire et de l’UMP ont écrit, mardi, à Luc Chatel, l’exortant à retirer ces deux ouvrages scolaires qui reprennent la théorie du genre dans leur chapitre sur Devenir homme ou femme. Europe1.fr vous résume le débat autour de cette théorie.
L’hétérosexualité, une construction sociale
Cette théorie du genre ou "gender" est apparue, dans les années 1970 aux Etats-Unis, notamment sous la plume de Judith Butler. Son livre intitulé Trouble dans le genre - Pour un féminisme de la subversion a été traduit en français en 2005.
Selon l’auteure, la distinction entre homme et femme, ainsi que l’hétérosexualité, est avant tout une construction sociale et culturelle. En somme, au delà des seules différences biologiques, il existe des interactions psychiques données par l’entourage ou la société dans le but d’assigner des rôles à chacun.
Cette théorie est reprise, à demi-mot, dans une circulaire du 30 septembre 2010 du ministère de l'Education nationale. Selon cette dernière, le chapitre intitulé "Devenir homme ou femme", au programme pour l’année 2011-2012, doit "affirmer que si l'identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l'orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée".
Colère des associations catholiques
Les maisons d'édition ont évoqué selon des modalités variées ce chapitre. Ainsi "l'identité sexuelle est la perception subjective que l'on a de son propre sexe et de son orientation sexuelle (...). Seul le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou féminin", écrit Hachette tandis que chez Bordas, on peut lire : "L'identité sexuelle est le fait de se sentir totalement homme ou femme. Cette identité dépend, d'une part, du genre conféré à la naissance, d'autre part, du conditionnement social (...). L'identité sexuelle se réfère au genre sous lequel une personne est socialement reconnue."
Des versions, qui ont agacé les dirigeants de l'enseignement catholique dès réception des ouvrages. Dans leur sillage, plusieurs associations catholiques, relayées par Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-Démocrate, ont donc demandé à Luc Chatel, d'apporter des "correctifs" ou - de manière plus définitive encore- d'"interdire l'usage des manuels incriminés".
Soutiens chez les enseignants
Cette opinion n’est toutefois pas partagée, chez les enseignants, par le syndicat Snes-FSU qui dénonce une "croisade contre l'homosexualité". Même son de cloche chez l'UNSA Education, pour qui "les Eglises n'ont pas à donner leur avis sur des programmes scolaires qui visent à la formation de citoyens et non de croyants, sauf à vouloir défaire la loi de la séparation des Eglises et de l'Etat".
Soulignant que les personnels scolaires sont "confrontés au désarroi de jeunes en difficulté avec leur orientation sexuelle", le Groupe national information et éducation sexuelle (Gnies, réunissant notamment des professeurs de biologie) s’est lui aussi félicité que cette question soit abordée en classe.