Le très médiatique enfant chéri de la mode saura jeudi quel sort lui réserve la justice française. John Galliano est jugé pour les injures antisémites qu’il aurait prononcées lors d’altercations à La Perle, un bar branché parisien, fin 2010 et début 2011. De la publication de la vidéo accablant le couturier à son licenciement par Dior, récit de la descente aux enfers de Juan Carlos Galliano, de son vrai nom.
"Sale gueule juive"
Tout commence avec la publication en février sur le site du Sun d’une vidéo mettant en scène un John Galliano méconnaissable. Visiblement plus qu’éméché, il s’en prend notamment à une jeune femme, qu’il traite de "dirty Jewish face" ("sale gueule juive" en anglais).
Très vite, l’opinion publique s’enflamme. Et c’est la dégringolade pour John Galliano, obligé de s’expliquer devant la justice, le 22 juin, suite à deux plaintes liées à des propos tenus en octobre et en février derniers.
Et là, l’excentrique britannique, très amaigri, fait son coming-out sur ses addictions : il s’avoue dépendant à l'alcool, aux somnifères et au valium. "Je ne pouvais plus aller au travail sans prendre de cachets", déclare-t-il à la barre. Le styliste confie aussi qu'il lui arrivait de prendre des somnifères en pleine journée. Il avait expliqué comment après avoir perdu son père en 2005, puis "un ami très cher" en 2007, il s'était mis à boire de plus en plus, avant de tomber dans l'engrenage de l'addiction.
"Je ne pouvais plus tenir un crayon"
Le 1er mars, Dior finit par licencier celui qui a réécrit sa légende pendant une quinzaine d’années. Et son défilé automne-hiver 2011 se déroule sans lui, le 4 mars au musée Rodin à Paris. John Galliano a même été écarté de sa marque éponyme, qui appartient à Dior.
Il tente alors sa "rehab", en faisant une cure de désintoxication. Et c’est son amie et muse Kate Moss qui va lui donner un sérieux coup de pouce en lui confiant la création de sa robe de mariée. "Kate Moss "m'a permis de redevenir John Galliano. Je ne pouvais même plus tenir un crayon. Cela a été ma réhabilitation créative", dit-il dans l’édition de septembre de Vogue US. Selon le journaliste du magazine, le père de Kate Moss a même félicité John Galliano, qui figurait parmi les invités, pour sa "magnifique robe", et tous les invités se sont levés pour applaudir.
Cette robe d’inspiration vintage signe-t-elle le retour du créateur dans le monde de la mode ? En attendant, le procureur a requis sa condamnation à au moins 10.000 euros d’amende. Il encourt six mois de prison et 22.500 euros d'amende.