Titulaire d’un Bac+ 4 en arts du spectacle, une formation de bibliothécaire ou un cursus de management, Pôle Emploi a un job pour vous : instit ! Ce n’est pas une mauvaise blague. Face à la pénurie criante d'instituteurs en Seine-Saint-Denis, l'Education nationale a décidé de faire appel à Pôle Emploi. Cette opération d’ampleur, lancée mi-septembre pour le compte de l’Education nationale, est une première pour le recrutement de professeurs du premier degré.
Un entretien plié en 2 ou 3 minutes. Les conseillers Pole Emploi appellent plusieurs centaines de personnes par jour. L’entretien dure deux ou trois minutes, juste le temps pour les conseillers de poser les questions essentielles. A ce jour, une centaine de personnes a accepté l’offre d’emploi sur les quelques 300 postes à pourvoir au total.
Seul critère : un Bac +4. Des appels au hasard ? Pas totalement. Les chômeurs appelés par Pôle emploi doivent être titulaires d’une première année de Master. Les candidats, qui se retrouveront face à des enfants de deux à onze ans, doivent enseigner aussi bien le français que les maths, l’histoire et la géographie, ou encore les sciences, une langue vivante, les arts plastiques...
Des chômeurs parfois déconcertés. Les conseillers Pole Emploi ont d’abord ciblé les personnes qui sont dans le secteur de l’enseignement, au sens large. Contacté jeudi après-midi, un homme d’une soixantaine d’années est un peu déconcerté par cette proposition. "L’enseignement, oui mais pour les adultes", répond d’abord cet enseignant universitaire au chômage. Et la conseillère Pole Emploi de le relancer : "vous enseignez uniquement pour les adultes ? Là, ça serait pour une proposition de poste dans une école maternelle ou élémentaire ?" "Ce n’est pas du tout dans mes compétences. Ce ne sont pas les mêmes techniques pédagogiques", rétorque le chômeur.
Possibilité de refuser pour les chômeurs. Faute d’effectifs disponibles, les professeurs malades sont bien plus rarement remplacés qu’ailleurs, et chaque année cette pénurie de profs prive les enfants de Seine-Saint-Denis de nombreux jours de classe. Pole Emploi se charge donc de trouver ces remplaçants. Mais cette offre n’est pas obligatoire. "Les personnes contactées ont le droit de refuser la proposition", confirme le directeur du Pole Emploi 93. "On comprend très bien que beaucoup ne se voient pas du tout atterrir devant une classe en l’espace de quelques semaines".