Y a-t-il toujours une chape de plomb sur les chiffres de la radioactivité en France, comme à l’époque du nuage de Tchernobyl ? Si les taux de radioactivité sont aujourd’hui incomparables, après l’accident nucléaire de Fukushima, les écologistes regrettent le manque de transparence des autorités françaises. C’est en tous cas ce qu’a dénoncé Corine Lepage mardi matin sur Europe 1.
"Je trouve anormal qu'on ne donne pas aux Français des données exactes qui permettent de suivre l'évolution des choses. La situation devient tout à fait critique au Japon, nous avons besoin de savoir ce qui se passe au jour le jour", estime-t-elle.
"Nous avons besoin de savoir", demande la députée européenne :
Des données révélées par l’Irsn
Des données sur le niveau de radioactivité en France ont été rendues publiques dimanche par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, et montrent qu'il n y a aucun problème pour la santé. "Il a fallu dix jours pour avoir ces chiffres", regrette la présidente de Cap 21. "Nous devons avoir le droit à la transparence comme chez nos voisins. La Suisse notamment a fourni un certain nombre de chiffres, c'est ce qui m'avait alertée. C'est une question de transparence et d'information".
Certains chiffres sont secret-défense
L'ancienne ministre de l'Environnement regrette, dans ce cadre, qu'"un texte de 2004" permette "au gouvernement d'utiliser le secret-défense sur la surveillance et les transports de matière radioactives". "Je me base sur la façon dont les pauvres Japonais ont tant de mal à avoir de l'information. En France, nous avons la chance d'avoir des niveaux tout à fait minimes, mais il faut rétablir la confiance dans nos sociétés, c'est très important", réclame-t-elle.
En plus des données venant des capteurs de radioactivité de l’Irsn, il existe un réseau mondial, qui permet d’obtenir des chiffres beaucoup plus précis, en particulier sur les niveaux de césium et d’iode. Ces balises sont à la base destinées à surveiller des essais de bombes atomiques, auxquels certains pays pourraient procéder.
L’organisation qui recueille ces informations les transmet notamment à l’Organisation mondiale de la Santé, mais aussi au Commissariat à l’Energie atomique, en France. Or, il s’agit d’un système militaire, et un traité international empêche de les publier. Les Français doivent donc se contenter d’informations partielles en matière de radioactivité.