Remerciés à cause du ramadan. Quatre moniteurs de colonie de vacances ont été suspendus par la mairie communiste (PCF) de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, pour avoir observé le jeûne, selon une information du BondyBlog qui a révélé l'affaire. Selon leur employeur, cette pratique présentait un danger pour la sécurité des enfants.
Pour les animateurs engagés en CDD, "c'est l'incompréhension et la révolte", affirme leur avocat Me Mohand Yanat, qui a révélé lundi leur intention "de saisir le juge compétent pour faire valoir leurs droits". "Comment peut-on préjuger des capacités d'une personne eu égard à sa pratique d'une religion ?", s'insurge-t-il.
"Il a remarqué que je ne mangeais pas"
Les animateurs ont été suspendus après la visite d'un responsable des centres de vacances lors d'un séjour sportif à Port-d'Albret, dans les Landes, qui a débuté le 5 juillet.
"Il est venu voir si tout se déroulait correctement avec les enfants, et c'était le cas, puis il est venu déjeuner avec nous. Il s'est mis à ma table, et a remarqué qu'à l'heure du déjeuner je ne mangeais pas et Moussa non plus", a raconté l'un des animateurs, prénommé Nassim, au BondyBlog.
"Le chef de service a bien vu que ça se passait plutôt bien et même très bien. C'est-à-dire qu'on ne vire pas quelqu'un pour son incompétence mais tout simplement parce qu'il n'a pas mangé. J'en reviens à la conclusion : tu fais le ramadan, t'es viré", a déploré Samir, un animateur interrogé par Europe 1.
"Un défaut d'alimentation et d'hydratation"
Le responsable a rappelé aux animateurs que, selon leur contrat de travail, ils devaient se restaurer et s'hydrater pendant la journée. Les quatre animateurs ont finalement été remerciés. Ils "n'ont pas respecté, en cours de séjour, les obligations de leur contrat de travail, pouvant ainsi mettre en cause la sécurité physique des enfants dont ils avaient la responsabilité", a expliqué la mairie dans un communiqué.
La municipalité invoque un "défaut d'alimentation et d'hydratation" qui peut conduire ces agents à ne plus être "en pleine possession des moyens requis pour assurer le bon déroulement et la sécurité des activités du séjour, ainsi que la sécurité physique des enfants dont ils avaient la charge".
Un accident il y a trois ans
Pour justifier sa décision, la municipalité PCF évoque également un précédent. "Il y a trois ans, on a eu un cas de figure très douloureux, une jeune animatrice qui avait refusé de s'alimenter et avait fait un malaise", a justifié la directrice de cabinet du maire, Nicole Varet.
"Le problème c'est qu'elle conduisait un véhicule avec des enfants, et qu'elle a eu un accident avec des blessés graves, notamment un enfant", a-t-elle précisé.
"On a une responsabilité importante vis-à-vis des familles pour qu'un tel accident ne se reproduise pas. Le problème, c'est la sécurité des enfants. On a introduit depuis l'année dernière un engagement : demander à ce que l'ensemble des animateurs s'alimente au cours des repas en même temps que les enfants. C'est ça le problème de fond", renchérit Jacques Bourgoin, le maire joint par Europe 1.
La municipalité ne veut donc prendre aucun risque. La défense, elle, plaide la liberté individuelle de chaque salarié.