Après sept ans de séparation, une mère de famille vient de retrouver sa fille. La jeune fille, désormais âgée de 11 ans, avait été enlevée à l'âge de 4 ans par son père pakistanais qui l'avait emmenée clandestinement dans son pays. Elle a été remise à sa mère vendredi au Pakistan. Contacté par Europe 1, Ingrid B. est satisfaite. "Je suis très contente. On verra une fois que je suis rentrée pour une déclaration en France", a-t-elle commenté.
"Un drame familial"
"Il s'agit avant tout d'un drame familial de la séparation d'un couple mixte", a résumé un haut responsable de l'ambassade de France à Islamabad. L'histoire entre ses parents débute en 1999, époque à laquelle le couple se marie. Une idylle qui dure seulement deux ans. En 2001 Ingrid B. et son époux pakistanais divorcent et un tribunal français confie la garde d'Amena à sa maman.
"Au cours d'un droit de visite en 2005, le père l'a soustraite à sa mère qui vit en Bretagne et l'a emmenée clandestinement au Pakistan", explique le responsable de l'ambassade. Ingrid B. a alors saisi la justice pakistanaise qui a confirmé son droit de garde en première instance et en appel en 2008. Suite à cette décision de justice le père et sa fillette ont disparu. Depuis, il était recherché pour "enlèvement" par les polices des deux pays, selon la même source.
Le père hospitalisé
Après 7 ans d'enquête, la police pakistanaise a finalement réussi à retrouver la trace du père à Lahore et l'a arrêté la semaine dernière, a expliqué une source pakistanaise qui suit de près le dossier mais a requis l'anonymat. Selon un haut responsable de l'ambassade de France à Islamabad, le cas d'Amena Tarar était "suivi depuis longtemps au plus haut niveau de l'Etat en France. Il a été résolu grâce à une parfaite coopération entre les autorités françaises et la justice et la police pakistanaises".
Lors de l'arrestation, l'homme, âgé de 37 ans, a fait un malaise cardiaque et a été hospitalisé. C'est à l'hôpital à Lahore que la police est donc venue chercher Amena avant de la confier au consul de France au Pakistan. Sur les images télévisées, à la sortie de la Haute cour, Amena pleure et résiste quand les policiers l'emmènent jusqu'à la voiture de l'ambassade de France. "La famille pakistanaise s'est montrée coopérative" a cependant assuré une source pakistanaise à Lahore.
"Ça va être un choc"
Vendredi, un juge de la Haute cour de Lahore a confirmé le droit de garde d'Ingrid et a remis l'enfant à sa mère, âgée de 34 ans. "Amena reconnaît bien sûr sa maman, d'autant que celle-ci vient de lui montrer des photos et des films de sa petite enfance, mais elle est naturellement attachée à la famille qui l'a élevée depuis sept ans et, c'est humain, elle dit qu'elle est pakistanaise et veut rester au Pakistan", raconte une source proche du dossier.
Interrogée par Europe 1, la grand-mère de la petite fille est partagée entre joie et appréhension. "Ça va quand même été un petit choc. Elle aura changé, elle est partie, elle avait 4 ans, elle rentre, elle en a 11. Donc pour nous ce sera plus notre bébé, ce sera une grande fille", commente la grand-mère consciente que le retour d'Amena en France ne sera pas évident à gérer. "Ça va être difficile pour arriver à discuter, parler avec elle", précise-t-elle.
Cette dernière a toutefois toujours "gardé espoir de retrouver" la fillette. "Quand on a téléphoné ce matin pour me dire qu'elle avait récupéré sa fille j'étais très heureuse. Toute la famille est très heureuse. C'est la joie pour tout le monde", raconte-t-elle émue.
Une centaine de dossiers par an
Si le temps de séparation entre Amena et sa maman est très long, ce type de dossier est toutefois "plus fréquent qu'on le croit", commente Me Jérôme Casey au micro d'Europe 1. "C'est rarement aussi long lorsqu'on est dans la cadre de la convention de la Haye. Généralement, ça prend 8 mois", indique l'avocat.
"C'est plus compliqué quand les couples sont hors de l'Union Européenne ou avec un membre de l'Union Européenne et un autre extérieur, sachant que les instruments juridiques ne sont pas les mêmes puisqu'on a deux conventions qui s'appliquent dans le cadre de l'UE", précise Me Casey.
Chaque année, la France adresse une centaine de dossiers aux pays qui accueillent des enfants enlevés.