La République dominicaine, ses plages paradisiaques de sable blanc bordées d'une mer à l'eau turquoise. Christophe et Liana Guillon avaient choisi cette destination de rêve pour leur lune de miel, grâce à la cagnotte constituée par leurs amis et leur famille. Mais pour ce couple de quadragénaires français, habitants de Pontoise dans le Val-d’Oise, le paradis s'est transformé en enfer. Le 29 avril, ils ont été arrêtés avec leur bébé de 14 mois à l'aéroport de Puerto Plata, juste avant de prendre l'avion du retour. Au scanner, les douaniers dominicains ont découvert 11 kg de cocaïne dans un de leurs bagages. Immédiatement, les autorités les ont emprisonnés en leur arrachant leur enfant. Sans procès. Le couple conteste les accusations et clame aujourd'hui son innocence.
>> Marie-Odile Guillon, la belle-sœur du couple, était mercredi l'invitée d'Europe 1. Elle témoigne de ces cinq mois d'angoisse et explique comment la famille "fait face".
Un coup de téléphone pour les avertir
C'est par téléphone que la famille a appris la nouvelle de leur arrestation, le 2 mai, près de quatre jours après les faits. "Il n'a pas eu besoin de nous dire qu'il était innocent. On a tout de suite compris que c'était un piège ou une erreur", confie la sœur de Christophe Guillon au micro d'Europe 1.
Mais elle le concède, persuadée que son frère et son épouse seraient libérés en deux ou trois jours, elle n'aurait jamais imaginé "qu'ils y soient encore aujourd'hui".
"C'était un piège ou une erreur" :
Très vite, le grand-père maternel a dû faire le voyage en République dominicaine pour aller récupérer le nourrisson qui avait été placé en orphelinat puis en crèche après l'arrestation de ses parents. Les quatre grands enfants de Liana, nés d'un autre mariage et restés à Paris, ont eux été pris en charge par une amie.
"Licencié pour faute grave"
Depuis avril, l'ensemble des factures du couple, de la location de leur maison au remboursement de prêts, ont été également réglés par la famille. Christophe Guillon, ingénieur informaticien, a perdu son travail : "nous avons reçu un courrier nous informant que Christophe, décrit comme un employé modèle ayant toute la reconnaissance de sa direction et de ses collègues était licencié… pour faute grave", déplore Marie-Odile Guillon.
Mais il faut désormais organiser la défense du couple, isolé de l'autre côté de l'Atlantique. La famille a choisi une avocate francophone sur place : "elle devrait leur permettre d'être libérée, car elle a préparé un dossier qui prouve leur innocence", espère Marie-Odile Guillon. Pour elle, cela ne fait aucun doute : "il y a eu un échange de bagage, dans le bus ou à l'hôtel ". Des témoignages de Dominicains qu'elle a rencontrés lors d'un séjour sur place, où elle a pu rendre visite au couple, ont appuyé cette version : ces pratiques sont courantes chez les trafiquants, en complicité avec les chauffeurs de bus ou le personnel de l'hôtel. Mais Christophe et Liana sont perdus, ils ont du mal à se souvenir de cette période. "C'est un véritable trou noir pour Christophe qui ne se souvient même plus de la couleur de la valise".
Sans date de procès, la prochaine échéance judiciaire est fixée au 8 octobre avec une audience préliminaire "qui peut-être retardée à tout moment", redoute la belle-sœur du couple. En attendant, Christophe et Liana restent dans leur cellule. Le couple est soutenu d'un point de vue sanitaire par le consulat de France. Depuis son arrestation, Liana a perdu 22 kilos.