C’est une méthode qui fait du bruit. Une méthode beaucoup plus discrète que les milliers de manifestants, mais tout aussi décisive. Le lobbying s’invite, en ce moment, dans les coulisses du Parlement pour peser sur les négociations autour de la réforme des retraites.
Et bien que les syndicalistes connaissent leur dossier sur le bout des doigts, ce n’est pas sans appréhension qu’ils préparent leur intervention auprès des sénateurs.
"Ca change des slogans de manifs"
C’est le cas de Pascale Coton, la "madame retraite" de la CFTC qui avait rendez-vous mardi au Sénat pour faire valoir ses revendications auprès des élus. "Si on veut faire bouger les choses, c’est maintenant au Sénat", explique-t-elle, un dossier rempli de tracts et d'argumentaires sous le bras.
Pascale Coton s’est rendue au Sénat pour tenter d'expliquer à la sénatrice UMP Jacqueline Panis en quoi, selon elle, la réforme est injuste en particulier pour les femmes. Chacune est restée sur ses positions, mais le ton était cordial. "Ca change des slogans de manifs", plaisante la sénatrice qui, après trois quarts d'heure d'échange, n’a pris aucun engagement. "Elle est là pour écouter, c'est déjà ça", note Pascale Coton, qui espère pouvoir faire passer ses propositions d'amendements.
Les gros syndicats restent discrets
Les contacts entre syndicalistes et sénateurs se multiplient ces derniers jours. Mais ils sont plus ou moins bien assumés par les syndicats. Les plus gros, CGT, CFDT, en pointe dans les manifestations, préfèrent rester discrets. Question de communication nous répond-on à la CFDT. D'autres le reconnaissent plus volontiers : le lobbying continue et même s'intensifie. "Les rendez-vous ont lieu tous les jours et à longueur de journée. Tous les parlementaires comptent dans la réforme car ce sont eux qui la votent", explique Danièle Karniewicz, de la CFE-CGC.
Le Sénat sera l'objet de toutes les attentions dans les semaines qui viennent, puisque le projet de réforme y sera examiné à partir du 5 octobre. Jacques Voisin, le numéro un de la CFTC, a eu le président du Sénat Gérard Larcher directement au téléphone en début de semaine. Très sollicité, l'ancien ministre du Travail, dont les syndicats louent la fibre sociale, se dit à l'écoute.
"C’est ça le Parlement "
"J’ai éventuellement des contacts, on ne va pas se raconter d’histoire. Ma porte est toujours ouverte", confie le Parlementaire. "C’est le temps du débat et c’est ça le Parlement", souligne-t-il. Pour les syndicats, il est nécessaire de jouer sur les deux tableaux : le lobbying, en plus des manifestations. Plus discret, feutré, mais sans doute plus efficace, estiment-ils, pour relayer au coeur du pouvoir les messages envoyés depuis la rue.
Mais les syndicats continueront aussi à manifester. Le prochain rendez-vous est fixé à jeudi, pour une nouvelle journée d'action contre la réforme des retraites.