Après la phase de concertation, après les critiques, place aux "ajustements". Dès mercredi et la présentation officielle du texte, Eric Woerth avait laissé la porte ouverte pour suggérer des modifications au projet de réforme des retraites. Sur demande de l'Elysée, le ministre du Travail a désormais deux mois pour soumettre des pistes d’évolution à Nicolas Sarkozy qui s'est dit sensible, vendredi, à certaines remarques des partenaires sociaux.
Trois dossiers pourraient connaître des évolutions : le chef de l’Etat a, en effet, évoqué "la nécessité de mieux prendre en compte la pénibilité" et "la situation des personnes qui ont commencé avant 18 ans". Il a également cité les problèmes des poly-pensionnés, ces assurés pénalisés dans le calcul de leur retraite parce qu'ils relèvent de plusieurs régimes.
Mais les syndicats, dans leur majorité, rejettent cette idée d'ajustements à la marge, puisqu'ils entendent combattre la réforme sur le fond, notamment l'âge légal de départ à la retraite repoussé à 62 ans. Or le gouvernement a prévenu : les modifications se feront "dans le respect de l’équilibre général de la réforme".
Le calendrier reste le même
Eric Woerth doit rendre ses conclusions été chargé "au plus tard avant le début du débat parlementaire en septembre".
Mais le calendrier de la réforme n'est pas bousculé pour autant, a précisé une source proche du dossier : le texte présenté mercredi doit toujours passer en Conseil des ministres le 13 juillet, avant d'être examiné en commission à l'Assemblée fin juillet, puis discuté en séance publique début septembre. Les éventuelles évolutions "pourront ainsi prendre la forme d'amendements du gouvernement" lors du débat parlementaire.
Appel à la manifestation
Les syndicats comptent désormais sur la mobilisation des salariés pour pousser le gouvernement à revoir sa copie en profondeur. Six syndicats appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 24 juin. Force ouvrière, qui faisait jusque-là cavalier seul contre le projet, n'exclut plus de rejoindre le mouvement. La confédération se prononcera lundi.
"Il faut que nous créions l'événement", a lancé le leader de la CGT, Bernard Thibault, jugeant qu'il faudrait "être le plus possible et beaucoup plus d'un million", chiffre atteint par les manifestations du 27 mai selon la CGT (395.000 selon la police). Et les syndicats semblent avoir l'opinion derrière eux : 66% des Français jugent le projet de réforme injuste, selon un sondage TNS Sofres publié vendredi.