Plus de 110 lycées ont été touchés vendredi à des degrés divers par des mouvements de lycéens contre la réforme des retraites, selon les chiffres fournis par le ministère de l'Education nationale. Tentative de blocage, sit-in et fort absentéisme ont perturbé ces établissements.
A Carcassonne, Angoulême, Caen, Cherbourg, Verdun, Mulhouse, Besançon et dans de nombreuses autres villes de province, ce sont à chaque fois entre 300 et 1.000 lycéens qui ont défilé dans les rues contre le projet de réforme des retraites. Les jeunes manifestants ont souvent parcouru les boulevards qui ceinturent le centre-ville de chaque ville, bloquant la circulation à plusieurs reprises.
Ces actions font suite aux manifestations entamées jeudi dans plusieurs villes de province. Des centaines de lycéens avaient défilé dans de nombreuses villes, prenant de l'avance sur la mobilisation nationale prévue le 12 octobre prochain.
Mobilisation sur Facebook
Les lycéens ont indiqué ne pas répondre particulièrement à l'appel de l'Union nationale lycéenne (UNL) mais s'être réunis via des réseaux sociaux comme Facebook pour exprimer leurs "inquiétudes personnelles". "S'il n'y a pas de départs à la retraite, nous n'aurons pas de boulot", a résumé l'un d'entre-eux.
Vendredi dernier, l'UNL, première organisation lycéenne, avait affirmé que la mobilisation des lycéens était "ascendante" et ne ferait que grossir dans les semaines qui viennent. En fin de journée jeudi, le ministère de l'Education nationale a dit que 116 lycées, soit "moins de 3 %" des 4.302 lycées du pays, avaient connu des "perturbations" et "six" un "blocage". A l'exception de la capitale et de Toulouse, où 250 lycéens ont bloqué une avenue, le mouvement lycéen n'a pas touché les autres grandes villes de France.
Dans le Sud-Ouest, quelque 1.500 lycéens, selon la police, ont parcouru le centre de Rodez, et de petits rassemblements lycéens ont également été constatés à Auch, Nogaro et Samatan. A Paris, une petite centaine de lycéens et étudiants ont déployé une banderole devant le centre Georges-Pompidou, dénonçant une société où ils seront "chômeurs à 25 ans, précaires à 67".
Incités à manifester par des adultes "irresponsables"
Mais la mobilisation de la jeunesse est dénoncée par certains. Raymond Soubie, conseiller social du président de la République, a jugé vendredi "totalement irresponsable que des adultes en situation de responsabilité dans certaines organisations invitent les lycéens" à manifester. "Je constate que des dirigeants de grands syndicats ne l'ont jamais fait et ont même condamné cette démarche", a-t-il ajouté.
"Pour l'instant il y a quelques blocages dans quelques lycées" mais "rien d'une traînée de poudre", a estimé le conseiller de l'Elysée. "Que penserait-on de manifestations dans lesquelles il y a des salariés très légitimement préoccupés par le problème de leur retraite et des jeunes garçons et des jeunes filles de 15 ans qui manifesteraient parce qu'ils sont inquiets sur ce qui se passera en 2050 ou 2060 ?", a demandé Raymond Soubie. "C'est le gouvernement qui est prévoyant pour eux parce que c'est pour leur retraite qu'on travaille", a-t-il dit.
Les chefs d'établissement s'opposent
De leur côté, les chefs d'établissement se sont opposés aux blocages. Le principal syndicat des chefs d'établissements, le SNPDEN-Unsa, "désapprouve fermement tout blocage d'établissements" par les lycéens, estimant que cela "risque d'affaiblir le mouvement au lieu de l'élargir", a-t-il affirmé dans un communiqué vendredi.
Le blocage est une action "dévastatrice pour le service public", elle "suscitera surtout une division inutile du front syndical et risque d'affaiblir la légitimité du mouvement au lieu de l'élargir", estime-t-il.