Fallait-il repêcher les corps des victimes du crash du Rio-Paris ? Alors que leurs dépouilles, repêchées au large du Brésil, sont attendues jeudi en France, le processus d’identification, qui risque de durer des mois, divise les familles.
Un retour sur le sol français deux ans après la catastrophe, qui avait fait 228 morts de 32 nationalités, le 1er juin 2009. Les 104 corps retrouvés lors d'une seconde phase de recherche devraient arriver en France, dans le port de Bayonne, à bord du navire de l’île-de-Sein. Le câblier, affrété par le Bureau d'enquêtes et d'analyses, le BEA, chargé de l'enquête technique sur l'accident, avait terminé le 3 juin les opérations de repêchage de corps et de pièces de l'Airbus A330, par 3.900 mètres de fond dans l'Atlantique.
Un processus long et très encadré
Une fois ramenés en France, les corps doivent être autopsiés et identifiés au cours d'un processus très encadré scientifiquement et juridiquement, a expliqué le colonel François Daoust, chef de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Cela "prendra des semaines, voire des mois", prévient-il.
Comme pour d'autres catastrophes, comme le crash du Concorde en 2000 ou le tsunami en Asie en 2004, l'identification des victimes repose sur la comparaison des dossiers "ante mortem" et "post mortem" que vont constituer des enquêteurs de médecine légale. Un corps ne pourra être identifié qu'après le "rapprochement" de ces deux dossiers, avertit le colonel Daoust.
Le dossier "ante mortem" se compose d'éléments fournis par la famille et les médecins de la personne décédée : ADN des proches, bijoux, opérations chirurgicales. Le dossier "post mortem" se constitue au cours d'"examens médico-légaux, odontologiques et sur des os longs pour des prélèvements ADN", poursuit le patron de l'IRCGN. Ensuite, "toutes les données ante et post mortem seront intégrées à un logiciel qui proposera des correspondances possibles entre elles" avant qu'une commission d'identification ne "décide éventuellement" d'attribuer une identité à chaque corps.
Une polémique
Déjà "indignées" fin mai par le "déroulement chaotique de l'enquête technique" du BEA, les familles sont divisées face la décision de la justice d'avoir repêché leurs proches afin de les identifier.
"Qu'on soit pour ou contre cette opération, les corps ont été remontés, il faut donc poursuivre le processus", tranche Robert Soulas, vice-président de l'association Entraide et Solidarité AF447.
"L'opération avait soulevé une polémique, certains la voulaient, d'autres non. Nous avions demandé à la juge de préciser dans quelles conditions de dignité la remontée des corps serait organisée. Ensuite elle a pris sa décision", dit-il.
Cités par Le Parisien, la mère et le frère d'un autre passager de l'AF 447 englouti au fond de l'Atlantique pensent qu'"il fallait tout laisser, comme le font les marins".