Les Roms peuvent désormais devenir orthophoniste, mais aussi directeur dans la grande distribution, enseignant du second degré, technique et professionnel, ou contrôleur aérien. La liste des métiers qui leur sont accessibles est passée de 150 à 291, après un arrêté publié ce dimanche au Journal officiel (cliquer pour découvrir la liste complète).
Les ministères de l'Intérieur et de l'Emploi ont élargi le type de postes ouverts aux "ressortissants des États de l'Union européenne soumis à des dispositions transitoires". Une qualification qui renvoie aux personnes originaires de Bulgarie et de Roumanie, les deux pays desquels sont majoritairement originaires les Roms.
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Valls tenté de se défaire des "couleurs UMP" ?
Jusqu'à dimanche, les Roms présents en France ne pouvaient postuler qu'à des offres concernant les 150 métiers classés "sous tension", c'est-à-dire n'attirant pas assez de candidats. Cette interdiction de travailler ailleurs était censée dissuader les candidats à l’émigration dans l’hexagone.
Mais l'efficacité de cette restriction en a laissé plus d'un sceptique. Environ 15.000 Roms ont quand même quitté la misère roumaine pour rejoindre la France avec une conviction : "il y a plus à manger dans vos poubelles que chez nous", comme l’a assuré récemment le président du collectif Elus, Santé publique et territoires (ESPT), Laurent Elghozi.
L'accès à l'emploi des Roms avait été évoqué par le ministre Manuel Valls, mi-août, comme "l'une des solutions" à l'étude pour résoudre l'épineuse question des campements illégaux. La ministre du Logement Cécile Duflot avait, elle aussi, vivement plaidé en ce sens. À Paris, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin ou encore Marseille... des centaines de Roms ont été expulsés depuis l'arrivée de la nouvelle majorité. Ils n'avaient pas été suffisamment pris en charge, selon les associations. "Manuel Valls pourrait porter les couleurs de l'UMP", avait par exemple taclé La Voix des Roms.
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Un échec en Espagne?
Pas sûr toutefois qu'un meilleur accès à l'emploi soit suffisant pour résoudre le problème de la prise en charge de la communauté. Selon de nombreux observateurs, les Roms, ne parlant pas nécessairement Français, risquent d'avoir bien du mal à trouver un emploi dans un pays de trois millions de chômeurs.
L'Espagne avait fait le choix de lever en 2010 toutes les restrictions visant les Roumains. Mais la crise économique l’a conduit à réinstaurer une limitation à l’été 2011 et jusque fin 2012, avec pour argument la rétractation du marché du travail et le fort taux de chômage des immigrés roumains. Tout en donnant son accord, la Commission européenne avait toutefois souligné que cette levée des interdictions a joué un rôle positif pour l’économie et n’a pas fait augmenter le chômage.