Roms : le Mrap porte plainte contre Valls

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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Une plainte a été déposée pour provocation à la haine raciale après des propos tenus en septembre dernier.

L’INFO.  C’est une action inédite. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples a déposé plainte mardi pour provocation à la haine raciale contre le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, à la suite de ses propos controversés sur les Roms. Il engage ainsi pour la première fois de son histoire des poursuites contre un ministre de gauche. La procédure a été engagée devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à habilitée à juger un ministre pour son action dans le cadre de ses fonctions.

L'association reproche au ministre de l'Intérieur des propos sur les Roms tenus le 17 septembre sur France Inter. Manuel Valls avait évoqué alors leurs "modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation". "Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie", avait-il ajouté. Ses déclarations avaient suscité un fort émoi au sein du PS et du gouvernement.

Le Mrap dénonce une "contamination". Une quinzaine de militants du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), avec des pancartes proclamant "Stop à la politique du bouc emissaire", s'étaient rassemblés pour le dépôt formel de la plainte devant la CJR. "On a l'habitude de ces charges du côté du FN mais nous assistons avec beaucoup d'inquiétude à une contamination dans toute la classe politique... Le monde politique s'est emparé de ses petites phrases assassines, c'est intolérable de la part d'un ministre en responsabilité", a fait savoir Me Pierre Mairat, vice-président et avocat du Mrap.

Une action vouée à l’échec ? Le Mrap, qui a déjà poursuivi - en vain - par le passé les ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux, a décidé à l'unanimité de lancer les poursuites contre Manuel Valls.  Le geste pourrait être essentiellement symbolique. "On doit passer le filtre de la commission des requêtes qui va dire si la plainte est fondée ou non", avait expliqué la semaine dernière Me Mairat.  "Le problème, c'est que ce sont des politiques qui la composent. On peut craindre le pire quand on lui confie des sujets aussi importants", avait-il ajouté.

Valls balaie les critiques. A la mi-octobre, le ministre de l’Intérieur avait estimé, après avoir reconnu sa "maladresse" que la plainte ne visait qu'à "entretenir des polémiques stériles" et "à attiser des conflits". "Tout le monde connaît mes convictions républicaines", avait-il souligné Manuel Valls. Avant d’ajouter : "Je n'ai pas envie de rentrer dans ces débats."

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