• LA PHRASE. "Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie". Manuel Valls, le 23 septembre 2013 sur France Inter
> LES FAITS. Par cette phrase, le ministre de l’Intérieur laisse entendre que les Roms sont citoyens roumains ou bulgares. C’est en grande partie vrai, surtout pour la Roumanie, d’où viennent la plupart des Roms installés en France. Mais c’est aller un peu vite. On l’a dit, près de 12 millions de Roms vivent en Europe, dont près de 6 millions dans l’espace de l’Union européenne, selon le Conseil de l’Europe. Parmi eux, 1,85 million sont Roumains et 750.000 sont Bulgares. Mais il y a aussi 490.000 Roms en Slovaquie, 750.000 en Hongrie, ou encore 200.000 en République Tchèque, trois pays membres de l’UE et de l’espace Schengen.
• LA PHRASE. "Cela passe aussi par la fin de cette aide au retour qui a créé un véritable appel d'air. Nous y avons mis fin". Manuel Valls, le 24 septembre 2013 sur France Inter.
> LES FAITS. La phrase de Manuel Valls comprend au moins une exactitude. L’actuel gouvernement n’a en effet pas supprimé l’Aide au retour humanitaire (ARH), mais l’a considérablement rabotée, à 50 euros par adulte et 30 euros par enfant. Sous le gouvernement précédent, l’aide était respectivement de 300 et de 100 euros. Nicolas Sarkozy avait décidé de muscler le dispositif, puisqu’à la création du dispositif en 2005, seuls les adultes pouvaient profiter d’une aide au retour de 150 euros.
S’il est difficile, libre circulation des personnes oblige, de mesurer le nombre de Roms entrant sur le territoire, des chiffres sont disponibles concernant les bénéficiaires de l’ARH. Et depuis 2007, c’est l’explosion. De 1.690 bénéficiaires en 2007, le nombre de bénéficiaires est passé à 10.608 personnes en 2011, selon les chiffres de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Des chiffres intégrés au nombre global d’expulsions opérées par les pouvoirs publics en France, qui permettaient donc d’alimenter l’argumentaire du gouvernement précédent sur l’efficacité de sa politique de lutte contre l’immigration illégale.
Sauf que dans le même temps, en revanche, le nombre de Roms présents sur le territoire n’a lui pas baissé. L’objectif de l’ARH a donc été largement manqué. Associations et pouvoirs publics s’accordent à dire que le dispositif a seulement permis à quelques familles de gagner un peu d’argent. Car une fois retournés aux pays, beaucoup encaissaient les sommes dues puis revenaient, en toute légalité, sur le territoire français. Le dispositif ayant été raboté fin 2012, il est pour l’heure impossible de mesurer les effets, positifs ou négatifs, de ce changement de situation.
• LA PHRASE. "La Roumanie et la Bulgarie deviendront membres à part entière à partir du 1er janvier prochain avec bien sûr des centaines de milliers de Roms qui vont pouvoir s’installer tranquillement en France." Marine Le Pen, le 23 septembre 2013 sur RFI.
> LES FAITS. La présidente du Font national va un peu vite sur le coup. Certes, au 1er janvier 2014, la Bulgarie et la Roumanie feront bel et bien définitivement partie de l’Union européenne. Mais la situation ne change en fait que pour les travailleurs désireux de s’installer en France. Il leur faudra impérativement alors produire deux pièces pour pouvoir s’installer durablement sur le territoire français : un passeport valide et une attestation de travail. Ce qui, pour un Rom, ne va pas forcément de soi.
Marine Le Pen fait en fait la confusion, probablement à dessein, avec l’espace Schengen, qui permet la libre circulation de tous les citoyens des pays signataires de l'accord. Or, ni la Bulgarie ni la Roumanie n’en feront partie au 1er janvier 2014. Les voyageurs venus de ces deux pays, où la population Rom est la plus importante, seront donc toujours contrôlés aux frontières contrairement aux ressortissants espagnols, par exemple. La probabilité de voir déferler des hordes de Roms en France, comme semble le craindre Marine Le Pen, à partir du 1er janvier est donc très faible.
• LA PHRASE - "50.000 Roms vont s’installer à Nice en 2014." Jean-Marie Le Pen à Nice le 4 juillet 2014.
> LES FAITS. C’est en suivant le même raisonnement, pas franchement exact, de sa fille, que Jean-Marie Le Pen a lui aussi brandi la menace Rom à Nice au début de l’été. Mais pour le coup, le président d’honneur du Front national exagère largement les chiffres. D’abord parce que dans son propos, Le Pen père a aussi évoqué "les 12 millions de Roms qui sont situés en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie". Or, concernant ces trois pays, le Conseil de l’Europe évoque un million de Roms, Amnesty international près de 3 millions. Le chiffre de 12 millions avancé par Jean-Marie Le Pen concerne en fait l’Europe entière.
Concernant les 50.000 Roms qui pourraient s’installer dans la ville dirigée par Christian Estrosi, là encore, Jean-Marie Le Pen manie l’outrance. Le changement du 1er janvier 2014 au niveau de l’Europe ne devrait pas, on l’a vu, changer sensiblement la donne en France. Actuellement, en l’absence de statistiques officielles, la population rom en France est estimée à entre 15.000 et 20.000 personnes, un chiffre quasi stable depuis dix ans. Et qui devrait le rester.
• LA PHRASE - "Quand les Roms se mettent quelque part, c'est avéré après on a une recrudescence des cambriolages". Samia Ghali, le 9 avril 2013 à Marseille
> LES FAITS. En l’absence de statistiques locales, difficile de vérifier cette affirmation. Mais selon des chiffres dévoilés en août 2012, la délinquance commise par les ressortissants roumains, et non pas Roms, a explosé entre 2009 et 2001 : + 69,35% selon une note rédigée le 8 juin 2012 par la Direction centrale de la police judiciaire. Le chiffre était encore plus impressionnant pour les mineurs roumains, avec une augmentation des actes de délinquance (vols à l’étalage, cambriolages, escroquerie) de 102,92% en deux ans. De là à conclure que cette explosion est due à l’installation des Roms près des grandes villes, il n’y a qu’un pas que la sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône n’a pas hésité à franchir.