L'ACTU. Les professeurs du primaire se lancent dans une nouvelle journée de grève mardi, contre la réforme des rythmes scolaires. Et les syndicats entendent bien capitaliser sur le succès de la mobilisation du 21 janvier, très suivie. Selon les estimations du Snuipp, 58% des enseignants devraient se déclarer grévistes au niveau national mais seulement 37%, selon le ministère.
>> A lire aussi : ce que va changer la réforme de l'école
Un calendrier serré. Pour les syndicats, il s'agit de faire comprendre que la réforme arrive trop vite. Le texte prévoit de faire passer de 4 à 4,5 le nombre de jours travaillés dans la semaine en primaire. Et les villes n'ont que jusqu'à fin mars pour décider si elles appliquent la réforme dès la rentrée prochaine, ou si elles attendent 2014, quitte à se priver de subventions de l'Etat. Or, peu de communes sont prêtes, car il s'agit recruter en un temps record des effectifs supplémentaires pour encadrer les élèves. Un objectif dont le coût est estimé à 600 millions d'euros, comme le révélait Europe 1 la semaine dernière.
>>> Quelles villes se sont-elles déjà décidées ? Qui appliquera la réforme dès 2013 ? Tour d'horizon.
# CELLES QUI HÉSITENT
Décision fin mars pour Paris. Paris, berceau de la contestation des profs, a toujours dit vouloir appliquer les nouveaux rythmes dès 2013. Mais officiellement, rien n'est décidé. La question de la pause entre midi et deux, que la mairie veut faire durer 2h45, pose notamment problème. Et le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, doit faire des concessions aux écologistes, qui posent des conditions et dont le vote est indispensable. "Nous voulons créer une vraie filière animation, déprécariser les animateurs, faire de la promotion, recruter et privilégier l'hypothèse d'un début des activités périscolaire à 15 h 30", a-t-il ainsi tenté de les convaincre, dans une interview au journal Les Echos, lundi. Ce dernier "ne prendra sa décision que fin mars".
>> À lire aussi : les communes loin d'être prêtes
À Lyon, Lille ou Strasbourg, le doute plane aussi. 2013, pas 2013…? Il n'y a pas qu'à Paris, où la décision se fait attendre. À Lyon, le maire socialiste, Gérard Collomb, s'inquiète du coût financier et réserve sa réponse, réclamant que les Caisses d'allocations familiales soient mises à contribution. Même son de cloche à Lille, Strasbourg, Montpellier, Tours ou Reims, pourtant toutes des villes socialistes, ou encore Bordeaux et Toulon. Pour la rentrée prochaine, les communes peuvent bénéficier du soutien de l’État, qui a débloqué une aide de 250 millions d'euros, à raison de 50 euros par élève, ou 90 dans les zones difficiles. Mais pour les années suivantes, c'est à chacun de se débrouiller. "Les inquiétudes des communes, ce n'est pas de démarrer, c'est d'avoir la capacité de tenir sur la durée", avait ainsi résumé auprès d'Europe1 Yves Fournel, adjoint au maire de Lyon.
>> À lire aussi : 600 millions d'euros à payer
# CELLES QUI ONT TRANCHÉ
Celles qui se lancent pour 2013. Un peu moins d'une vingtaine de grandes villes, toutes à gauche politiquement, appliqueront les nouveaux rythmes dès 2013 : Toulouse, Nantes, Dijon, Clermont-Ferrand, Grenoble, Villeurbanne, Limoges, Poitiers, Angers, Rennes, Brest, Saint-Denis, Montreuil, Rouen, Caen, Roubaix ou encore Saint-Paul, à la Réunion.
Celles qui savent que ce sera en 2014. D'autres communes ont déjà pris leur décision… et savent qu'elles ne seront pas prêtes pour la prochaine rentrée. Dans les grandes villes, outre Dunkerque et Nanterre, ce ne sont que des villes de droite : Le Havre, Boulogne-Billancourt, Orléans, Avignon, Aix-en-Provence, Nice et Marseille. "Le gouvernement propose de verser une aide de 50 euros par élève. C'est insuffisant puisque la dépense est estimée à plus de 4, 2 millions d'euros chaque année", relève ainsi le maire (UMP) de Nice Christian Estrosi. Mais pour certains, il s'agit aussi d'un combat politique. "Dire qu'on ne le fera pas par position idéologique, je trouve que ce n'est pas bien. Ils doivent pouvoir évoluer, pas pour François Hollande, ni Jean-Marc Ayrault ou Vincent Peillon, mais pour les enfants", avait ainsi dénoncé, en janvier dernier, Pierre-Alain Roiron, vice-président de l'AMF, au micro d'Europe1.