L'actu. Plusieurs syndicats enseignants, dont le SNUipp, majoritaire, appelaient à faire grève mardi contre la réforme des rythmes scolaires. Une journée de mobilisation qui peut laisser perplexe lorsqu’on sait que les syndicats enseignants sont pourtant favorables sur le fond au retour à la semaine de 4,5 jours dans le primaire. Et ces derniers ont réclamé mardi un nouveau débat alors que... le ministère de l’Education a lancé la consultation dès l’été 2012.
>> Alors que s'achève la cinquième journée de mobilisation en l'espace de trois semaines des enseignants contre le gouvernement, pour y voir plus clair, Europe1.fr s’est tourné vers André Robert, chercheur et spécialiste de l’histoire du syndicalisme enseignant.
Pourquoi la grogne des syndicats enseignants ne s'apaise pas ? Si on regarde ce qui transparaît de cette grève dans les médias, l’argumentation des enseignants n’est pas claire. Le fer de lance de la mobilisation, le SNUipp, s’inquiète de ce que va devenir le temps éducatif ajouté [les heures qui ne sont pas consacrées au cours stricto sensu, ndlr] : qui décidera de la nature des activités proposées ? qui s’en occupera ? Les syndicats craignent surtout que l’enseignant ne soit pas au centre des négociations et que les mairies, qui financeront ce temps éducatif, prennent des décisions unilatérales.
Et les revendications se limitent aux rythmes scolaires ? Il y a un véritable enjeu sur les rythmes scolaires mais cette mobilisation est aussi une forme de tremplin pour faire avancer des négociations salariales qui sont très attendues par le corps enseignant. Sur ce sujet, les syndicats sont soumis à la pression de la base.
Les enseignants ont massivement voté pour le candidat PS. Peut-on parler de désamour, voire de rupture ? On peut parler d’une certaine manière de désamour pour les enseignants qui pensaient de manière un peu légère qu’il y aurait une récompense. Aujourd’hui, ces derniers sont déçus, d’autant que les syndicats enseignants ont été partiellement écoutés par le PS lorsqu’il a élaboré ses propositions de campagne en matière d’éducation. Il y a une déception de ne pas avoir été entendus jusqu’au bout.
Et ont-ils une chance d'être entendus ? Cette mobilisation intervient peut-être trop tôt mais un syndicaliste vous dirait qu’il ne maîtrise pas son calendrier pour faire grève : il dépend de sa base et du calendrier d’un ministre tenté d’accélérer sa réforme par affichage politique.