Une quinzaine de communes, sur les 24.000 concernées par la réforme des rythmes scolaires, ont "refusé d'ouvrir leurs écoles" mercredi, selon la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem. "On avait envisagé 20 à 30 communes qui refuseraient", "mais un certain nombre de maires qui avaient manifesté de la résistance se sont rangés à la raison", s'est-elle félicitée, en visitant l'école Denis-Diderot à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine en cette journée test pour cette réforme contestée. "Nous allons en référer au tribunal administratif, qui fera une injonction au maire, sinon les préfets pourront se substituer aux maires", a prévenu une nouvelle fois la ministre de l'Education nationale.
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Des cadenas à Yerres. Parents, écoliers et enseignants ont trouvé des portes d'écoles cadenassées pour le premier mercredi de classe à Yerres, dans l'Essonne. Plusieurs autres communes du département ont opté pour la même méthode. Le maire de la ville, Nicolas Dupont-Aignan, qui n'en est pas à son premier coup d'éclat, avait annoncé cette opération coup de poing. "Libre à l'Education nationale de modifier ses horaires, mais il ne faut pas se défausser sur les communes, les impôts locaux vont augmenter et ce sera la faute du maire !", a déclaré l'élu, devant l'école maternelle Beauregard, où il a été pris à partie par des enseignants et des parents.
Le journaliste d'Europe 1 Sébastien Krebs, présent sur les lieux, a assisté à une scène assez surréaliste. Lorsque quelques pères de famille, pince à la main, se sont approchés de l'entrée de l'école pour tenter de briser la chaîne, c'est la police qui s'interpose. "On nous empêche d'entrer dans une école maintenant. Vous êtes en dictature ou en République", s'emporte un parent d'élève.
Pour justifier la fermeture de l'école, Nicolas Dupont-Aignan n'a pas hésité à prendre un arrêté au nom des besoins de "nettoyage" des locaux. Une tactique également adoptée à Montgerron dans l'Essonne qui évoque dans sa circulaire "des travaux" tous les mercredis. Après avoir reçu une délégation d'élus, la préfecture de l'Essonne a annoncé saisir la justice contre les 12 communes qui ont refusé d'ouvrir les portes dans le département mercredi.
Chaînes et cadenas. Écoles fermées a #yerrespic.twitter.com/m9tq3nbsSZ— Sebastien Krebs (@sebastienkrebs) 3 Septembre 2014
Curieux arrêté municipal placardé sur la grille des écoles de #yerres, fermeture hebdo pour "nettoyage & entretien" pic.twitter.com/W8F87ZVu4D— Sebastien Krebs (@sebastienkrebs) 3 Septembre 2014
Et dans d'autres communes. Même méthode du cadenas utilisée à Limeil-Brevannes, dans le Val-de-Marne ou à Phalemphin dans le Nord. Invité d'Europe 1 mardi matin, le député-maire UMP Thierry Lazaro avait annoncé son refus d'appliquer la réforme. Il est soutenu par quelques parents d'élèves. Néanmoins, le maire ne sera pas un frondeur jusqu'au-boutiste. "Nous avons marqué notre désaccord. Nous allons maintenant continuer de discuter avec l’Éducation Nationale pour mettre fin à cette situation, dans l’intérêt de tous. Si nous avions été des milliers de maires à faire ce que j’ai fait ce matin, l’histoire aurait été différente. Mais là c’est comme dans une bataille : quand les fantassins ne sont pas soutenus, mieux vaut se replier", confie Monsieur le maire à 20 minutes.
Entrées des écoles cadenassées à Limeil Brevannes ! pic.twitter.com/PRwrc9jwvi— Eric Nunès (@NunesEric) 3 Septembre 2014
À Phalempin, des cadenas sur les portes de l'école des Viviers. #reforme des rythmes scolaires #rentree_2014pic.twitter.com/WJmDYvbsli— Marie Tranchant (@MarieTranchant) 3 Septembre 2014
Devant l'école des Viviers à Phalempin, une banderole contre la réforme des rythmes scolaires pic.twitter.com/rEb38TUTku— Marie Tranchant (@MarieTranchant) 3 Septembre 2014
Des poignées de portes enlevées. Jusqu'où ira-t-elle ? Saint-Médard-en-Forez fait partie des cinq communes de la Loire à avoir fermé leurs écoles, mercredi matin. La maire sans étiquette Evelyne Flacher, n'hésite pas à employer des méthodes radicales, limite ubuesques. Après s'être mise en grève de la faim en juillet, l'élue a cette fois fait voter en conseil municipal une délibération pour que les poignées de porte de l'école primaire soient retirées ... chaque mardi soir. Ce qu'elle a fait dès hier soir, comme a pu le constater le correspondant d'Europe 1 Jean-Luc Boujon. Une initiative qui ne fait pas l'unanimité chez les parents d'élèves. "C'est inacceptable cette situation, je suis agacée, je pense que la réforme a un sens pour les enfants qui ont un rythme compliqué", lâche Claudine, mère de deux enfants de 3 et 6 ans.